Le Programme Maison ronde, et après?

Il y a un an, jour pour jour, L’Itinéraire rencontrait Kelly-Ann Desrosiers alors qu’elle terminait son parcours dans le Programme Maison ronde. Attablée, dans le square Cabot, juste à côté de la vespasienne qui sert de café social, elle racontait comment elle s’était « remise dans la société » et s’était « réhabituée au monde » à la suite de la naissance de son deuxième enfant. Seule avec un bambin à la maison et un jeune enfant au primaire, malgré la solitude pesante, elle a tout de même réussi à développer sa fibre entrepreneuriale en ouvrant sa propre compagnie de création de bijoux et de vêtements d’inspiration inuit. Depuis, celle qui a été adoptée et élevée par deux parents allochtones à Montréal ne cesse de se reconstruire autour d’une identité inuit forte.

Il s’en est passé des choses dans la vie de Kelly-Ann ces deux dernières années. Si en 2023 elle effectuait son premier voyage dans le Grand Nord depuis une expérience de travail à la mine Raglan, à Katinniq, à ses 18 ans, les 12 derniers mois ont été marqués par plusieurs allers-retours entre Montréal et Kuururjuaq, Kuujjuaq, Quaqtaq. « Kuururjuaq a été le plus beau voyage de ma vie. On a campé en pleine nature dans une tente traditionnelle (tupiq), j’ai chassé le lagopède (perdrix), “skinné” un caribou, monté des montagnes et regardé les aurores boréales. Je me sentais connectée à tout. »

Ces voyages immersifs, visant à reconnecter avec sa langue, le territoire, sa culture et ses traditions, ont été possibles grâce au programme Nunavik Sivunitsavut, qui propose une expérience collégiale d’une année pendant laquelle les étudiants apprennent l’inuktitut et les enjeux liés au territoire du Nunavik. Non seulement cela lui a permis de retourner sur les lieux d’origine de sa famille, mais elle a aussi appris des savoirs-faire traditionnels qu’elle intègre à son travail de créatrice.

Entrepreneure

Depuis qu’elle a commencé à créer des bijoux et des vêtements d’inspiration inuit en 2019, on peut dire que les affaires vont bien. Son visage apparaît d’ailleurs sur la nouvelle campagne de Desjardins, qui met de l’avant des personnes aux projets entrepreneuriaux divers. C’est grâce à l’agence Ninan, gestionnaire d’artistes issus des premiers peuples, qu’elle a pu prendre part à cette vaste campagne publicitaire.

S’inspirer de la tradition

Sur sa page Instagram, qui lui sert de vitrine pour ses créations et ses voyages dans le Nord, on peut voir des bracelets en pierres semi-précieuses, des colliers, des boucles d’oreilles, des figurines, ainsi que des créations récentes qu’elle a pu réaliser grâce aux enseignements traditionnels reçus dans le Nord. On peut voir, entre autres, un magnifique arnautik, un manteau inuit traditionnel, qu’elle a confectionné grâce à sa professeure Jni Papikattuk, qui lui a enseigné la couture. « Elle a 30 ans de savoir-faire. Grâce à elle, je peux maintenant réaliser des projets de couture à la machine. » Tout va pour le mieux pour son artisanat, et elle souhaite continuer « d’apprendre de nouvelles choses autour de l’art inuit, oui, mais aussi du chant et de la danse ».

Comme l’été dernier, elle fera la route des pow-wow pour y vendre et promouvoir son travail.

Page d’artiste de Kelly-Ann Desrosiers