25 ans de carrière sous le signe de la curiosité et de l’engagement
À travers ses rôles, ses solos marquants, ses mises en scène et ses engagements, Sophie Cadieux a poursuivi une trajectoire dense, mouvante, faite de virages inattendus.
« Je suis surprise d’être encore là », confie-t-elle en entrevue avec L’Itinéraire. À ses débuts, elle craignait que sa jeunesse, sa voix, son image la condamnent à ne jouer que des ados. Mais le métier, toujours imprévisible, l’a finalement emmenée ailleurs, dans des zones qu’elle-même n’aurait pas imaginées.
Dans la carrière de Sophie Cadieux, rien n’est figé. Tout est mouvement, surprise, renouveau. Et c’est précisément ce qu’elle recherche. « J’ai été chanceuse d’aller dans plein de directions », dit-elle, mais on constate en l’écoutant, qu’au-delà de la chance, il y a eu un instinct, une disposition profonde à dire oui à ce qui la déstabilisait.
« L’inconnu est un propulseur pour moi. J’aime prendre des risques parce que ça me fait peur. »
À travers les années, ce goût du risque a façonné une artiste versatile, toujours aux prises avec de nouvelles premières fois. Elle cultive l’instabilité comme un moteur de création. Une philosophie qu’elle résume par un principe : rester curieuse des autres, du monde, du métier.
Des moments phares
Il serait impossible de résumer la carrière de Sophie Cadieux à un seul moment pivot. « Il n’y a pas un jalon qui a tout changé », précise-t-elle. Mais il existe des étapes marquantes, des pièces de casse-tête qui, mises ensemble, dessinent l’évolution d’une artiste.
Parmi elles, ses trois solos constituent sans doute les constantes les plus révélatrices. Le premier, Cette fille-là, interprété en sortant de l’école de théâtre à seulement 24 ans et présenté d’abord au Théâtre La Licorne, arrive comme un raz-de-marée. Jouer seule, 170 fois, dont à Paris, c’est à la fois vertigineux et fondateur. « C’était comme une deuxième école », explique-t-elle. Elle le décrit comme un « vertige incroyable ».
Le deuxième solo, 4.48 Psychose, survient en 2015 dans une tout autre période de vie. Elle vient d’avoir un enfant. Le texte, littéraire et fragmenté, exige une plongée intérieure différente.
Le troisième, Féministe pour homme, prend l’allure d’un faux stand-up, un solo en forme de prise de parole, d’affirmation, de jeu avec les codes. Une autre étape, une autre version d’elle-même.
« Chaque solo a été comme un check-up, dit-elle. Un moment pour voir où j’étais rendue, ce que j’avais traversé. »
Et pourtant elle se décrit comme « une fille de gang », quelqu’un qui aime la troupe, l’élan collectif, la dynamique de plateau. Le solo, c’est presque un contre-emploi émotionnel. « Le travail est dans la solitude. Tu ne peux pas aller chercher le rebond chez l’autre. » Une épreuve, mais qui lui révèle son propre chemin.
Vous venez de lire un article de l’édition du 15 décembre 2025.






