Je pourrais multiplier les mots jusqu’à Tokyo, jusqu’à vous étourdir avec des statistiques et des chiffres à n’en plus finir. Mais je ne pourrai jamais vous faire ressentir la souffrance des blessures de la trahison face à l’amour. Lorsqu’on s’aperçoit que tout était un rêve et que tout ce que notre exploiteur nous a dit n’était qu’illusion, la confiance est mise à mort.

La plupart du temps, la victime d’exploitation sexuelle tombe dans une profonde honte et un désespoir terrifiant. La vérité tout à coup mise à jour peut s’avérer être la fin d’un rêve : celui de vivre un jour une relation amoureuse. Les modes de recrutement misent justement sur un profond manque d’amour et d’estime de soi. La majeure partie de ces victimes ne trouveront jamais la route vers une vie saine et un équilibre émotionnel. On ne se remet pas facilement d’un tel traumatisme.

Abus ou carence à l’enfance

Comme plusieurs, je crois que le manque de ressources et de financement n’explique pas tout. C’est plutôt le manque de coordination entre les paliers gouvernementaux qui contribue à la progression de la traite humaine dans le monde. La méconnaissance du milieu de l’exploitation sexuelle et l’absence d’éducation parentale peuvent aussi expliquer les raisons pour lesquelles nos jeunes filles se font vendre une vie de rêve par les proxénètes.

Qu’on soit les victimes d’exploiteurs ou des travailleuses du sexe accomplies, cette expérience de vie m’amène à une conclusion fort simple et évidente. À mon humble avis, la cause tient à un manque, à un vide, à un abus ou à une carence dans l’enfance.

Le seul moyen possible de se sortir de cette terrible aventure est de se pardonner soi-même et de pardonner à l’agresseur. Mais ça, c’est seulement mon opinion. Peut-être que votre opinion est différente et je la respecte. Le service de justice réparatrice de Montréal met de l’avant cette approche, une approche de dialogue et de réparation des dommages encourus.

Témoignage sur la traite des personnes

« Quand les pimps ont débarqué »

L’auteure de ce texte a fréquenté le milieu des clubs de danseuses « avec extras » durant 20 ans. Elle témoigne, dans l’édition du 1er septembre 2017, des changements majeurs survenus au début des années 2000 et de l’arrivée des proxénètes qui ont fait main basse sur le marché. Aujourd’hui, ces mêmes gangs de rue continuent à recruter et à exploiter sexuellement de nombreuses jeunes filles. En partageant son histoire avec L’Itinéraire, l’auteure referme la porte sur une partie de sa vie.

À lire dans L’Itinéraire du 1er septembre 2017 «Expo 67 voyage dans le temps»