Il pleuvait quand mon ami Lucien est parti. En plein après-midi, à 14 h, le 25 septembre. Lucien, mon ami, souffrait dans son corps et dans sa tête. Comme une bête blessée, il est venu mourir chez moi en confiance. Il venait d’avoir 51 ans et était camelot au métro Mont-Royal depuis 11 ans. Son dur vécu l’a battu à mort. Lucien avait mal, le cancer de l’âme depuis l’enfance. Avant de mourir, il m’a tenu la main et m’a dit : « Tu es une grande dame et je t’aime. » Sous ses allures de guerrier, Lucien était un hypersensible. En écrivant ces lignes, je suis sous le choc. Je ne suis pas capable de pleurer parce que mon amour d’amitié est encore trop présent en moi. Quand il est parti, Lucien m’a transmis sa force. J’ai senti une délivrance pour lui et pour moi. La douleur est une énergie libératrice. Mes jambes vibraient, et soudainement, je me suis sentie plus calme, apaisée. Mon plus grand désir est que Lucien trouve enfin la paix et qu’il devienne mon ange gardien pour toujours. Je t’adore Lucien !

 

Novembre 2005, Tiré de Sentinelles I, p. 92

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