Point de vente : Épicerie Metro Dorion/Sainte-Catherine Est

Joseph va bien. Il dit même qu’il n’a jamais été aussi bien de sa vie. Il a gardé de sa Gaspésie natale : « La nature, la mer. C’est en moi, ça rentre dans mes os. » Il a connu l’armée, les gangs de rue et une longue période de consommation et de vente de drogues. « C’était pas vraiment moi, j’me sentais coupable. Mon âme avait de la peine. » En même temps, il a été camionneur et machiniste.

Puis tout s’est écroulé. « J’ai connu mon bas-fond il y a une vingtaine d’années. J’ai tout perdu, j’me suis ramassé en prison. La vie dans la rue a suivi. » Sous le pont Jacques-Cartier, un intervenant de L’Itinéraire venait le voir régulièrement. « Y m’lâchait pas. Il avait confiance en moi. » Au bout d’un moment, Joseph a traversé la rue pour entrer à L’Itinéraire. « C’est là qu’a commencé mon rétablissement. Ils m’ont enduré malgré mon gros caractère. »

Aujourd’hui, il prend soin de lui, courageusement. Sa santé est plus que fragile. « Plus je fais attention, plus je prolonge ma vie. J’essaie tout le temps d’échapper à la faucheuse, elle m’aura pas tout de suite, j’ai trop de belles choses à vivre. » Il découvre des plaisirs dans les moindres détails. Comme ces oiseaux qu’il nourrit matin et soir. « C’est comme un trip. Quand j’arrive dans mon logement, ils sont là, sur mon balcon, ils savent les heures où j’arrive. Je regarde la lumière, la lune, pis j’trouve ça merveilleux. » Il découvre aussi ses talents. Il a été élu dernièrement représentant des camelots et écrit de plus en plus dans le magazine.

« Ça fait du bien, j’exprime mes sentiments, ça me libère, ça me fait réfléchir beaucoup, sur l’univers, sur les gens… »

La lumière a fini par éclairer le bout de son tunnel. « J’me connais maintenant, en étant à jeun. J’m’aime mieux, avant j’avais pas conscience de qui j’étais. »

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er novembre 2025.

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