Ce sont des citoyens et citoyennes qu’on ne peut plus ignorer.

Ce sont des personnes qui vivent dans les rues de la métropole, dont vous avez croisé le destin et qui ont habité vos pensées l’espace d’un court instant. Vous vous êtes sans doute demandé si vous auriez dû, pu, faire quelque chose.

Vous avez peut-être pesté contre le système. Vous en avez parlé avec votre fils, votre mère, votre amoureuse. Peut-être avez-vous été déstabilisé par un sentiment d’impuissance tenace. Vous exigez des solutions concrètes.

L’itinérance, impossible à ignorer, s’est désormais imposée comme fait incontournable, même dans des arrondissements autrefois peu habitués au phénomène.

Les sondeurs l’ont démontré au cours des derniers mois: résoudre la crise de l’itinérance arrive en tête de liste des priorités des Montréalais et des Montréalaises.

La situation est sérieuse. Les rues de la ville sont le théâtre des carences de notre filet social et le rôle de l’administration municipale est indispensable pour faire face à cet enjeu. Ce rôle, c’est notamment celui d’aider les jeunes, les personnes autochtones, les personnes aînées qui sont de plus en plus nombreuses à vivre dans la précarité.

À gage d’espoir, il existe aussi une myriade d’initiatives, petites et grandes, qui redonnent de l’énergie.

Déjà, j’ai vu à l’œuvre des intervenants dans une bibliothèque aider une femme aînée sans-abri à trouver une ressource appropriée. J’ai vu un programme de réinsertion dans le Village qui fait de petits miracles au quotidien. J’ai vu une fête de ruelle dans Hochelaga qui réunissait autant des personnes ayant vécu l’itinérance que des voisins solidaires et leurs enfants. Bref, les ponts peuvent être bâtis.

J’en tire aussi le constat que cette crise sociale sans précédent n’est pas la seule responsabilité des institutions traditionnellement affectées à y voir.

Est-ce ainsi le rôle de la Grande Bibliothèque d’accompagner des gens vulnérables? Pas fondamentalement, mais il s’agit d’un espace de rencontres et de vivre-ensemble qui accueille tous les publics sans distinction. Or, sa contribution est maintenant essentielle.

Est-ce le rôle de la Société de développement commercial du Village d’embaucher des personnes en grande précarité, ayant survécu à la rue? Pas nécessairement, mais celles-ci ont maintenant la charge de nettoyer de nombreuses rues que vous fréquentez, et de prendre soin de leur quartier.

Les résidents du 3629, rue Sainte-Catherine, maison de chambres tenue par l’organisme L’Anonyme, doivent-ils organiser une fête de ruelle avec leur voisinage? Ils n’y sont pas obligés, mais le tissu social de ce pâté de maisons s’en trouve renforcé.

Il nous appartient à tous et toutes de créer une vague de fond pour endiguer la crise des vulnérabilités.

Dans mon rôle, j’ai le devoir de faire tous les efforts nécessaires pour soutenir les mesures qui existent déjà et pour dégager la voie à celles qui émergent.

Cette chronique se veut donc une vitrine de mes constats sur le terrain et par-dessus tout, le portevoix des citoyen.ne.s non-logé.e.s à qui la parole doit être donnée pour mieux orienter cette question de droits humains et mieux arrimer les actions publiques.

Que nous ayons la chance d’avoir un toit sur la tête ou non, nous habitons tous cette île.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er novembre 2025.
L'Itinéraire numérique