Quelle est la genèse de l’exposition et comment avez-vous été impliquée à titre d’historienne?

L’exposition est basée sur les recherches que j’ai effectuées dans le cadre de mon mémoire de maîtrise en histoire. J’avais fait mon bac à l’UQAM et c’est venu en discutant avec mon directeur de maîtrise. Un jour, on marchait et on s’est arrêtés devant la place Émilie-Gamelin et il m’a lancé : « Savais-tu que ça avait déjà été un complexe institutionnel de prise en charge pour les personnes en situation de précarité ? Je pense qu’il n’y a pas vraiment de recherches qui ont été faites là-dessus. » En dépouillant les archives, j’ai réalisé à quel point elles étaient riches et pouvaient nous aider à comprendre ce secteur aujourd’hui.

Qu’est-ce qui a changé en 200 ans à la place Émilie-Gamelin?

Montréal a beaucoup évolué en 200 ans. Tout le complexe institutionnel a été démoli en 1963, car le terrain et les bâtiments ont été achetés par la Ville. Ensuite, c’est devenu un stationnement. Mais ce qui a changé, c’est la pression des intérêts financiers, la pression des promoteurs qui veulent construire des bâtiments autour de la place, et, de manière générale, le souhait des personnes qui veulent redorer l’image du quartier et en faire un quartier francophone fort.

Y a-t-il des choses qui n’ont pas changé?

Cette place-là était et est toujours occupée par des personnes marginalisées qui ont besoin d’un réseau d’aide et qui vivent de l’exclusion sociale.

Justement, l’exposition met en avant la pauvreté, les gens marginalisés et les personnes non logées. Est-ce que ces personnes vont être invitées à participer à des activités au musée autour de la thématique?

Parce que l’exposition parle beaucoup de cohabitation. Oui ! C’est l’organisme Exeko qui prend en charge cette partie en organisant des activités avec ces populations. Un exemple d’activité : un groupe s’assoit autour de photos d’archives, puis, chaque participant se confie sur ce que le lieu lui évoque.

Il y a souvent des activités pendant l’année qui n’ont pas nécessairement un rapport immédiat avec l’expo, mais avec des gens du quartier de manière générale. Il y a des ateliers d’alphabétisation, des ateliers avec des personnes qui sont en situation de précarité, etc. C’est un musée qui a une vocation de cohabitation après tout.

Que souhaitez-vous comme retombées pour l’exposition?

J’aimerais qu’elle soit vue et bien comprise, et qu’elle permette d’« entendre » les personnes marginalisées qui n’ont pas souvent de voix. J’aimerais que ça aide à démocratiser la réflexion en réunissant le plus de personnes possible autour du sujet.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er décembre 2025.
Infolettres de L'Itinéraire