Ce matin-là, le 8 novembre, au congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), se tenait le panel Cohabitation sociale : comment couvrir les tensions sans alimenter les divisions ? Face à une salle quasi pleine, les trois panélistes – Simon Séguin-Bertrand, photographe de presse au Droit, Jessica Nadeau, journaliste pour Le Devoir, et L’Itinéraire – ont parlé, avec authenticité, humanité et un pas de recul, de leurs pratiques lorsqu’ils couvrent l’itinérance et les enjeux de cohabitation sociale.

Les réflexions ont fusé, quelques désaccords aussi, et plusieurs questions sont restées sans réponse ; l’air était chargé d’une introspection collective bienveillante. Quant à la mêlée journalistique, elle écoutait avec attention, transformant les propos et exemples en conseils concrets pour que la dignité humaine transpire davantage des reportages sur la vulnérabilité sociale.

Mais concrètement, que retenir des 75 minutes d’échange ? « Pour que le journalisme puisse faire une réelle différence, il faut que la couverture soit plurielle », résume Simon Séguin-Bertrand, quelques jours après le panel. Un point unanime, tout comme celui, poursuit-il, de l’« approche et de la considération à avoir pour les humains qui vivent des situations difficiles comme l’itinérance ».

Après avoir touché l’assistance en contant ses rencontres avec celles et ceux qui vivent de plein fouet les crises de l’itinérance et des opioïdes, Jessica Nadeau a rappelé l’importance de mettre en lumière les initiatives porteuses de solutions.

Le journalisme de solution, un levier

Voici une belle histoire qui commence il y a plusieurs années, lorsque le Groupe Montoni, chargé du développement du quartier Molson (le long de l’avenue Viger, Centre-Sud), informait les acteurs du milieu des transformations à venir. Sur place, L’Itinéraire avait pu échanger avec l’entreprise sur l’importance d’implanter des ressources et sur la vulnérabilité sociale du quartier. Le représentant avait manifestement été touché, au point de proposer des locaux pour la halte-chaleur 2023-2024 de L’Itinéraire.

Une collaboration fructueuse, encore aujourd’hui, comme le raconte Vincent Ozrout, directeur clinique de L’Itinéraire qui a participé, à la demande de Montoni, au – déplacement – d’un campement installé sur un terrain en développement du promoteur. L’entreprise avait expressément demandé de ne pas faire appel aux forces de l’ordre.

Après plusieurs semaines de discussion avec les campeurs, « il ne restait qu’un groupe plus récalcitrant, explique Vincent Ozrout, qui savait n’avoir aucune obligation de bouger sans intervention policière, en plus de n’avoir aucune autre place où aller. Le dialogue étant rompu, il ne restait que les forces de l’ordre. Montoni a refusé cette option. » L’entreprise a préféré retarder les travaux.

Elle a finalement proposé un autre emplacement sur un de ses terrains en attente de développement pour une année et a offert de déplacer les biens des campeurs en camion.

Une histoire inspirante qui mérite d’être racontée.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er décembre 2025.
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