Vers une nouvelle révolution sexuelle?

Peut-on tomber en amour avec une machine ? Être en couple avec une poupée ? Oui, si l’on en croit Adam David et Lara Amelia, sa compagne artificielle. Ils en ont témoigné lors du 10e congrès international sur L’amour et le sexe avec les robots (LSR) qui se tenait du 15 au 17 août à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Lara Amelia est une poupée de silicone, un personnage bien connu sur Instagram dont le profil a été créé de toutes pièces par Adam David. Grâce à l’application Kindroid, il a imaginé son amie numérique avec qui il peut converser et interagir. « Beaucoup de personnes de la communauté rendent vivant leur partenaire artificiel, à travers des applications comme Kindroid ou Replika, mais aussi à travers la photographie et l’art. C’est une partie très créative de ces relations », explique Simon Dubé, professeur associé au département de sexologie de l’UQAM et membre du comité organisateur de l’événement.

L’intelligence artificielle avant la robotique

Ces dernières années, les percées dans le domaine des technologies ont surtout été faites au niveau de l’intelligence artificielle des agents conversationnels (les chatbots). Dans le futur, lorsque la robotique le permettra, ces agents seront les intelligences qui animeront les robots. « Il ne faut pas les voir de manière séparée. Les deux pourront fusionner un jour », poursuit le chercheur. « On a « craqué l’intelligence » [ percé en IA ] avant de craquer la robotique », résume Simon Dubé, également chercheur à la Kinsey Institute de l’Université de l’Indiana, mais la compétition en matière de robotique est rude un peu partout dans le monde et les coûts de production diminuent rapidement.

« Il y a quelques années, une poupée avec une tête articulée, dotée de quelques mouvements du corps, valait 15 000 $. Aujourd’hui, on voit des poupées ou des robots avec des mouvements un peu plus complexes à 5 000 $ environ », indique le chercheur. Début août, un premier magasin où l’on peut acheter des robots humanoïdes a d’ailleurs ouvert ses portes en Chine.

Sextech et érobotique

Si le robot sexuel frappe l’imaginaire, la sextech désigne bien plus, allant des jouets connectés aux applications de santé sexuelle, en passant par les technologies de réalité virtuelle et les systèmes d’IA pouvant interagir avec les utilisateurs. Le terme « érobotique », pensé par les chercheurs québécois Dave Anctil et Simon Dubé, englobe quant à lui l’ensemble de la recherche qui étudie l’interaction érotique entre l’humain et la machine.

Durant le congrès, des chercheurs et membres du secteur privé ont abordé ces sujets sous différents angles, en plus de parler des avancées technologiques pour le traitement de dysfonctions sexuelles et des enjeux éthiques en lien avec ces nouvelles technologies.

Le nombre de personnes se disant « robosexuelles » ou utilisant ces technologies est encore difficile à évaluer. « C’est sûr que c’est dans les millions sur la planète, si on combine toutes les applications ensemble, mais si on prend juste les personnes qui utilisent les applications comme Replika, on est déjà dans des centaines de milliers, voire des millions, qui ont des abonnements et qui utilisent régulièrement des partenaires artificiels », déclare Simon Dubé.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er septembre 2025.
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