L’histoire se passe en Algérie, en 1956. Il y avait un cireur de chaussures au port d’Alger qui devait avoir à peine 12 ans, il était très pauvre. Toute la journée, il voyait des bateaux aller et venir. Un jour, il a sauté à l’intérieur d’un cargo sans savoir où il allait. Lorsque l’équipage l’a trouvé, le jeune ne parlait pas anglais, il essayait de communiquer en faisant des signes. Ils ont commencé à jouer avec lui et à lui faire croire qu’ils allaient le jeter par-dessus bord en le balançant. Le commandant riait, l’enfant était paniqué.

Un modèle de réussite

Finalement, le bateau, qui se rendait aux États-Unis, a fait un premier arrêt à Boston. Le commandant a débarqué le jeune clandestin et l’a emmené dans un restaurant du port où il a commencé à travailler pour se nourrir. Le capitaine du bateau l’avait prévenu : il reviendrait le chercher au retour pour le ramener à Alger.

Mais l’enfant a été oublié. Il est resté à travailler au port de Boston et il a appris l’anglais. Dans les années 1990, il était devenu multimillionnaire et possédait 300 millions de dollars en actions du port de Boston. J’ai entendu son histoire à la télévision algérienne. C’est un modèle de réussite pour moi. Ce jeune orphelin n’avait rien à perdre. Tout à coup, il est parti, il a pris un bateau, il s’est caché, il ne savait même pas où le bateau arrivait. Ça m’a marqué.

Camelot d'un jour 2025 le 23 septembre

Des gens solides

La pauvreté, ce n’est pas bon, mais lui, il a appris à vivre, à se battre, à ne pas se laisser faire. La pauvreté reste un malheur, mais ça fait des gens solides. Quelqu’un qui est gâté toute sa vie, il peut s’écrouler en une fraction de seconde si ses parents ne sont plus là pour le soutenir par exemple.

Einstein l’a dit : « La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. » Si tu t’arrêtes, la vie s’arrête. Il faut rester éveillé en tout, toujours, il ne faut pas rater les occasions. C’est un peu comme L’Itinéraire, ça fait longtemps que le groupe et le magazine existent. Les camelots font un grand travail, tout le monde de l’équipe a persévéré.

Moi, c’est une autre histoire ! Je suis arrivé il y a 19 ans avec le programme d’immigration pour les travailleurs qualifiés. En posant le pied ici, j’avais déjà ma carte de résident. Je travaillais beaucoup, mais je ne suis pas devenu millionnaire comme lui ! (Rires.) Je vous raconte mon histoire la prochaine fois.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er septembre2025.
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