Après avoir demandé à des camelots de me partager quelques-unes de leurs expériences en matière d’excuses cocasses servies par les gens qui n’achètent pas le magazine, j’ai fait une compilation des meilleures répliques que je vous partage ici.

En tant que camelots à L’Itinéraire, nous rencontrons plusieurs personnes dans une journée. Pour la plupart, celles-ci demeurent toujours gentilles avec nous ; qu’elles achètent la revue ou non, ça se passe généralement assez bien. C’est sûr qu’il y a quelques têtes à claques.

D’ailleurs, à ce propos, je suis persuadé qu’à chaque point de vente, il y a une tête à claques qui sévit. Celle-là, on est sûrs qu’elle n’achètera pas la revue. Par contre, la majorité du temps, on nous dit un « non merci », souvent suivi de « bonne journée ». Là où ça devient fascinant, c’est que, quelquefois, on nous donne des raisons plutôt loufoques de ne pas se procurer le magazine.

Raisons obscures

Le jour de la parution du journal, il y a le classique :
— Ah ! Je l’ai acheté hier.
— Oui, mais, il est sorti aujourd’hui !

Presque à chaque fois, un malaise dont je me délecte s’installe sur le visage de la personne prise en défaut. Il arrive parfois que l’une d’elles achète le magazine, mais, en ce qui me concerne, c’est plutôt rare.

Aussi, le fameux : « J’te le prends en sortant. » Mes clients réguliers, eux, tiennent parole, mais il y a aussi le client pas très subtil. Vous savez, du genre s’il le pouvait, il passerait entre le mur et la peinture. Celui-là me fascine. Dépenser autant d’énergie pour finalement ne pas acheter la revue. Un simple « non, merci » aurait suffi.

D’autres, plus choquantes

— Ah non ! Surtout pas ! Tu vas t’acheter de la boisson ou de la drogue.
— Non, c’est pour acheter de l’essence pour ma Ferrari, t’sais !

En tout cas, c’est ce que j’aimerais leur répondre.

Aussi : « Je t’ai vu vendre trois revues en 15 minutes le temps de boire mon café. J’imagine que tu n’es pas trop dans la misère. » Ou encore : « Tu n’habites pas dans le quartier et je n’encourage que les gens de mon quartier. » Enfin : « Désolé, je n’ai que des billets de 100 $ sur moi. »

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Top 3

Au mois de mai dernier, alors que j’abordais ce qui me semblait être une charmante dame, j’ai eu droit à un :
— Câl**** moi patience, host**** d’quêteux.
Pas charmante du tout, la chipie ! À sa sortie de la pharmacie, je lui pose cette question en lui pointant mon dossard de L’Itinéraire :
— Pardon, madame, tantôt vous m’avez traité d’host*** d’quêteux.
Avez-vous déjà vu un quêteux qui vend une revue et un livre ?

Sans répondre, elle me fusille du regard et s’en retourne à son auto tout en maugréant des paroles inaudibles. Sans doute un passage de la Bible. À ce moment, j’ai compris qu’elle savait que j’avais raison.

Une autre fois, une dame, alors que je lui offrais la revue, m’a envoyé un :
— Va ch*** avec ta cri*** de revue.
Ma réponse fut directe tout en demeurant polie :
— Oh, mais c’est que vous êtes en retard, madame. Ce que vous me demandez de faire avec ma revue, eh bien j’ai fait ça, tôt, le matin. Revenez me voir demain de bonne heure et je vous arrangerai ça. Merci et bonne journée.

Elle n’a pas répliqué et elle avait un petit sourire qui semblait vouloir dire « désolée ».

Mais la raison la plus bizarre, la plus saugrenue, la plus cocasse qu’on m’ait donnée pour ne pas acheter la revue : « Monsieur, je voudrais bien vous acheter la revue, mais, comme vous voyez, j’ai un pied cassé. Donc, ce sera pour une prochaine fois. » Imaginez ! C’est arrivé avant la pandémie et je n’ai toujours pas, à ce jour, fait le lien entre un pied cassé et la lecture d’une revue…

Alors, voyez-vous, un simple « non, merci » suffit.

Vous venez de lire un article de l’édition du 15 août 2025.
Camelot d'un jour 2025 le 23 septembre