« Si tu veux chialer, il faut que tu votes. »
– Patrick Plamondon, camelot métros Pie-IX et Verdun
L’homme de 48 ans aux joues rondes et aux yeux bleus rieurs a une trentaine d’élections derrière la cravate. « J’ai occupé tous les postes entourant les journées de vote : secrétaire, membre de la table, scrutateur et même PRIMO [ préposé.e à l’information et au maintien de l’ordre ]. Comme responsable de salle, tu arrives trois heures avant l’ouverture et tu restes trois-quatre heures après », dit-il.
Ce fin connaisseur des rouages démocratiques a commencé à s’impliquer à l’âge de 18 ans. « Je voulais savoir comment ça marchait. Et puis, j’y ai pris plaisir ; on rencontre du monde intéressant. C’est des jobs stimulantes ! », résume-t-il.
Un grand-père précurseur
La conscience citoyenne de Patrick Plamondon lui vient de son grand-père Albert Plamondon. « Il était impliqué en politique municipale. Il a d’abord été conseiller, puis maire de Wotton, son village en Estrie, pendant plusieurs années. »
M. Plamondon était propriétaire du moulin à scie, encore en fonction aujourd’hui, à la sortie du village, en direction de Saint-Georges-deWindsor. Durant les étés, le jeune Patrick allait travailler avec lui. « Je voyais les gens venir lui parler des problèmes du village. J’étais fier, je me disais : c’est mon grand-papa qui s’occupe de tout ça. Je suis encore fier. Mon grand-papa, c’est ma puissance supérieure. »
Faire sortir le vote
Le camelot, posté tous les après-midis aux stations de métro Pie-IX et Verdun pour vendre L’Itinéraire, a aussi travaillé pour des partis politiques provincial et fédéral. « J’ai installé des pancartes, fait des appels pour faire sortir le vote, organisé des soupers spaghettis, préparé des sandwichs », énumère-t-il. Mais, en 2023, le voile est tombé. Patrick Plamondon s’est retrouvé à la rue en quittant Sherbrooke pour tenter de mettre fin à des années de consommation. « J’avais trouvé un logement à Montréal, mais le logement n’existait pas, j’ai perdu mon dépôt de 700 $ et j’ai dépensé ce qu’il me restait », dit-il.
De retour à la maison
Dès lors, la politique a pris le bord. « Je n’avais plus connaissance de ce qui se passait autour de moi. J’avais un gros désintérêt de tout. J’essayais juste de me sauver la peau. De toute façon, je n’avais pas d’adresse, je ne pouvais pas avoir les cartons pour voter », explique-t-il.
Lorsqu’il s’est retrouvé un logement, après un séjour au refuge Gordon, dans Verdun, et une formation de camelot à L’Itinéraire, Patrick Plamondon a rempilé sans attendre. « J’ai participé aux élections fédérales du printemps dernier. Je retournais à la maison. C’est un beau retour des choses ! », dit-il.
Vous venez de lire un article de l’édition du 15 octobre 2025.