Cet éditorial est rédigé par Johane Despins, co-porte-parole de Camelot d’un jour 2025.

Quand j’ai décidé de laisser mon emploi à temps plein, plusieurs ont salué mon courage. Le courage de me lancer dans le vide à 60 ans, celui de perdre un bon revenu, un métier de visibilité et de reconnaissance publique, très valorisant. Le courage de ne pas savoir si j’allais retrouver un autre travail ou une autre occupation qui allait me permettre de m’accomplir, d’être utile.

Pour beaucoup, cet inconnu, se jeter dans le vide pour avoir un vertige électrisant, ne pas savoir de quoi sera fait demain, peut être merveilleux… quand on le décide comme je l’ai fait récemment. Mais pour bien des gens, cet inconnu est paralysant, déstabilisant et surtout angoissant. Trouver des alternatives pour ne pas être dans cette situation peut paraître simple quand on est bien entouré, quand on a appris à retomber sur ses pattes, quand on en a les moyens et les ressources.

Ces moyens et ces ressources ne sont pas que financiers. C’est aussi avoir des réflexes, des habitudes, des aptitudes, un environnement qui nous aidera à prendre les bonnes décisions ou à demander de l’aide au bon endroit. Mais encore faut-il que ces lieux existent et que l’on sache où ils se trouvent. Le Groupe L’Itinéraire en est un pour beaucoup qui ont réussi à demander de l’aide. Mais une fois la bonne porte poussée, le parcours du combattant n’est pas gagné pour autant. Il faudra du temps et du courage.

Personnellement, je n’ai jamais pensé que mon geste de laisser mon emploi s’approchait, même un tant soit peu, du courage. Insouciant peut-être mais pour moi, le courage ce sont ces gens qui quittent tout pour recommencer une vie ailleurs, dans un autre pays, dans une autre ville, dans un autre environnement plus sain. Des gens qui vivent dans la rue, qui doivent se battre pour survivre dans un pays riche qui ne devrait laisser personne dormir dehors ou devoir mendier pour manger. Le courage, je le côtoie quand je vois les camelots et tous ceux qui travaillent pour L’Itinéraire, qui trouvent la force de changer les choses.

Pour moi, ce sont de véritables héros.

Je les retrouve depuis plusieurs années lors de l’événement Camelot d’un jour, mais je les croise aussi quotidiennement à travers la ville, travaillant sur le coin des rues à vendre le journal.

Si on avait la moitié de leur courage, on ferait de grandes choses. Les médias devraient quotidiennement saluer leur cheminement pour prouver que oui, il y a des enjeux majeurs, une situation critique pour un nombre croissant de personnes dans le besoin en ce moment, mais il y a aussi des histoires de renaissance extraordinaire, qui redonnent foi en l’humanité.

Vous venez de lire un article de l’édition du 15 septembre 2025.
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