Monsieur Jogging

Frigo finit de fredonner sa toune. Le moment de répit qu’elle a donné à sa conscience s’évapore aussitôt. Le silence interrompu par les bip-bips de l’hôpital lui tombe dessus comme des grêlons. C’est fou comment cette place, c’est un parking pour la souffrance et la solitude. C’est plein à craquer de gens fêlés, seuls, coincés dans leur corps et leur tête.

Ses yeux piquent. Sans penser, il s’en frotte un, oubliant la tumescence au beurre noire que la grosse bague de Marco le macro a encastrée dans son orbite. Il fait le saut. La douleur est choquante. Elle lui permet toutefois d’aligner drette le courant de son intelligence. Profitant de cet instant de clarté, il fait le tour de la carte de bingo de son corps, yinque au cas qu’il aurait oublié une blessure où déposer les pitounes de son déni, en guise de pansement.

Vous venez de lire un extrait du roman-feuilleton Sirop de poteau écrit par l’auteur Francis Ouellette de l’édition du 1er janvier 2024. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique et suivez l’aventure complète de Frigo.