La Une de cette édition aurait pu représenter une personne qui se tient le dos bien droit, le regard projeté vers l’horizon et l’air serein face à son trouble neurodéveloppemental.

Thérapies comportementales et cognitives, psychoéducation, outils de gestion des émotions et du quotidien, psychostimulants et autres médications… Les options pour avancer dans la vie avec un TDAH se développent et s’affinent. Et c’est tant mieux ! Enfin… pour ceux et celles qui peuvent s’en saisir. Car l’accès à des soins de santé mentale n’est pas une évidence pour tous, comme le révélait la conclusion du dernier rapport publié sur l’état de la santé mentale au Canada en 2024.

Sans surprise, la situation économique d’un individu, le soutien social et familial, ou encore le lieu d’habitation, influent de manière significative sur l’accès à des ressources en santé mentale via le secteur public. Mais de tous les grands coupables, l’enveloppe budgétaire accordée à cette partie de la santé des Canadiens est largement pointée du doigt.

Selon le rapport L’État de la santé mentale au Canada 2024, en moyenne, les provinces et les territoires ne consacrent que 6,3 % de leur budget global de santé à la santé mentale, alors qu’elle devrait être de 12 % selon l’Association canadienne pour la santé mentale qui, dans un communiqué, demandait au gouvernement fédéral d’inclure les soins de santé mentale dans la législation fédérale. Pourtant, d’autres ont réussi, comme la Nouvelle-Écosse qui, en 2021, s’engageait à offrir à son million d’habitants une couverture universelle des services de santé mentale, comprenant la gratuité des services de psychothérapie et des mesures de soutien accessibles le jour même, pour finalement légiférer en 2023 et lancer son projet pilote en 2024. Pas mal ! Surtout, inspirant (subtil message au prochain gouvernement).

Avec une telle accessibilité, ce sont plus de 2,5 millions de Canadiens ayant des besoins sans recevoir les soins adéquats, qui seraient soulagés de vivre dans un pays qui met au centre de sa politique publique la santé mentale de sa population. Ce sont aussi bon nombre de citoyens qui verraient leur qualité de vie s’améliorer drastiquement. C’est ce qu’inspire le témoignage d’Amélie Léveillé, coach spécialisée pour les adultes vivant avec un TDAH, elle-même diagnostiquée TDAH, en entrevue avec notre journaliste Jules Couturier. L’article qui en découle, démontre avec limpidité que ce trouble ne réduit en rien les gens à l’inaptitude. À lire en page 12.

Au-delà des troubles et maladies mentales qui nécessitent un accompagnement par des professionnels de la santé, rappelons que la santé mentale, comme l’éducation des enfants, est l’affaire de tous. Ça prend ici aussi un village pour veiller sur elle, que ce soit par l’intermédiaire des proches, de la famille ou du milieu de travail. Une bienveillance collective trop souvent négligée.

Tenons-nous le pour dit ! Personne n’est à l’abri d’un coup dur qui affecte toutes les sphères de sa vie… Même la personne la plus tough peut s’écrouler.

Vous venez de lire un article de l’édition du 1er mai 2025.
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