Les dernières années ont été marquées par une fragmentation sociale accélérée. Le tissu de nos communautés s’effrite, la confiance en ses acteurs avec. Des constats multifactoriels et mondialisés, qui résultent majoritairement des inégalités sociales et économiques et qui touchent plus encore les nouvelles générations. « Un nouveau consensus politique fondé sur l’équité, la sécurité économique pour tous et la solidarité est essentiel pour briser ce cycle », peut-on lire dans l’édition 2025 du World Social Report, un préambule de 132 pages du prochain Sommet sur le développement social qui se tiendra au Qatar, en novembre prochain.
Le dernier s’était déroulé à Copenhague ; rappelez-vous… la fameuse déclaration sur le développement social, un accord qui visait à éradiquer la pauvreté… C’était en 1995. Trente ans plus tard, l’objectif est à réaffirmer.
Impossible de croire d’ailleurs que d’ici cinq ans, le 1er but de l’Agenda 2030, négocié par 193 pays et qui vise « la fin de la pauvreté et la lutte contre les inégalités sous toutes ses formes et partout dans le monde » puisse être atteint dans une société où les écarts de richesse se creusent à grands coups d’inflation, où la polarisation attise la haine, dans laquelle les préjugés semblent se renforcer et, par conséquent, la solidarité s’effile.
En attendant que le rêve éveillé de (re)faire société* (re)devienne imaginable, les gens ont besoin de (re)tisser des liens. Un besoin largement connu du réseau communautaire qui offre aux plus victimes de l’effritement social de satisfaire l’un des grands traits de la nature humaine : se lier aux autres. C’est ce à quoi s’est intéressée notre journaliste société, Anne-Laure Jeanson, en passant du temps avec les jeunes de l’organisme Cirque Hors Piste, un safe space, un lieu d’appartenance et de guérison.
Si la solidarité sociale se cache parfois entre quatre murs, elle existe pourtant partout : dans le métro, lorsqu’on cède sa place volontairement, lorsqu’une grève se déclare, lorsque des intervenants, trousse de naloxone à la ceinture, sauvent la vie d’une personne en surdose…
La naloxone est un médicament servant d’antidote aux surdoses d’opioïdes. Au Québec, la naloxone est disponible gratuitement et sans ordonnance dans toutes les pharmacies et dans certains établissements de santé.
Autant de marques d’attention sociale éparpillées, isolées, qu’il est bon de valoriser haut et fort, autant qu’il est essentiel de lutter contre les préjugés et de dénoncer les inégalités. Aux politiques publiques de suivre, d’éditer un nouveau contrat social ; aux institutions de prouver que l’on peut de nouveau leur faire confiance pour tisser des liens entre toutes les revendications humaines qui n’ont qu’un but commun : celui de bien vivre ensemble.
* Faire société, c’est développer une identité commune, se sentir appartenir à une société et en être un acteur.
Vous venez de lire un article de l’édition du 1er juillet 2025.