Consigner, c’est prendre part à une économie à la fois circulaire… et parallèle. Pour certains, il s’agit d’une question de survie. Pour d’autres, c’est une stratégie de revenu bien rodée ou encore un acte citoyen. Derrière chaque chariot poussé, chaque sac rempli, il y a une raison de ramasser. En plus de dresser le portrait de plusieurs valoristes et environnementalistes, L’Itinéraire fait le point sur ce qu’est la consigne aujourd’hui.

(Sur)vivre grâce à la consigne

Il fait déjà lourd ce matin-là quand L’Itinéraire se rend à la Coop Les Valoristes, nichée dans l’ancienne gare d’autocars de la rue Berri. Ici, c’est le paradis de la consigne. On y récupère à peu près tout, les sacs, les canettes écrasées, maganées, le plastique et même les bouteilles de verre pas encore consignées – gracieuseté offerte aux membres de la coopérative. Plus qu’un point de dépôt, c’est un lieu vivant, bruyant, un peu chaotique. Toute la matinée, les allées et venues vont bon train malgré la chaleur.

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Redonner de la valeur

« Ramasseurs de canettes » est un terme un peu péjoratif pour Didier, qui gravite autour de la coop depuis 11  ans. Le terme à privilégier selon lui est « valoriste ». « Ils ont de la valeur ces gens-là, ils assainissent la ville, ils la nettoient, et ils permettent de remettre l’aluminium dans le circuit pour éviter que ça aille à l’enfouissement », explique-t-il, tout en s’incluant dans cette définition.

Didier a un parcours singulier, qui fait pourtant écho à celui de plusieurs autres valoristes rencontrés cette journée-là. Âgé de 61  ans, cet ancien directeur artistique a quitté son travail neuf à cinq depuis des années maintenant. Écrasé sous la pression, il tombe en dépression et n’arrive plus à reprendre le rythme. Il commence par ramasser des canettes pour arrondir ses fins de mois, mais très vite le côté ludique embarque. « Dès que je vois des canettes, je vois des sous, c’est presque addictif », confie-t-il.

Sa méthode de collecte est plutôt spontanée, il la décrit comme une façon de rentabiliser ses balades. « La veille du recyclage, je marche dans mon quartier et je peux me faire jusqu’à 50 dollars. Il y a un petit parc à côté avec trois poubelles, des fois je vais même jusqu’à ramasser la bouffe, la mettre dans le compost et faire le tri. Des fois, je ramasse les piles, les ampoules, c’est plus fort que moi. » Grâce à ses promenades, il réunit près de 600 dollars par mois, ce qui l’aide à payer son loyer, sa nourriture et à s’offrir des petits plaisirs comme du kombucha – dont il peut récupérer la consigne depuis le 1er mars 2025 – et du chocolat. Il a depuis été embauché par la coop et cumule d’autres contrats en événementiel à droite à gauche.

Vous venez de lire un article de l’édition du 15 août 2025.
Carte-repas solidaire