Soucieux de prêter main forte et de faire connaître un organisme « hyper important », selon les mots de la réalisatrice québécoise Louise Archambault, une trentaine d’artistes et autres personnalités publiques s’allient, le 23 septembre, aux camelots de L’Itinéraire. Le comédien, auteur et réalisateur Emmanuel Schwartz et la réalisatrice Louise Archambault se sont ouverts dans ces pages sur ce qui les bouscule dans la vie et comment ils le transcendent dans leur art.

L’art comme « outil de forage émotif »

Emmanuel Schwartz, artiste polymorphe de grand talent, se dit privilégié de pouvoir participer à Camelot d’un jour.

« Je suis toujours touché quand je vois les camelots de L’Itinéraire. On sent qu’ils sont des gens qui se battent pour sortir de situations difficiles et qui cherchent des moyens pour le faire. »

Le comédien, qui a joué cet été aux côtés de Juliette Binoche et de Violette Chauveau dans l’antique théâtre d’Épidaure, en Grèce, sous la direction de Wajdi Mouawad, rayonne. À 43 ans, il ne perçoit plus son extrême sensibilité comme un handicap.

« Des fois, j’ai l’impression que c’est un privilège de ressentir aussi fort. […] Au fur et à mesure, on prend un peu d’expérience et notre regard sur nous-mêmes change. On ne regarde plus à travers un œilleton ou une lucarne, mais on commence à regarder à travers une fenêtre qui est de moins en moins réfléchissante. »

Le phénomène de la polémique

Si on est tous aujourd’hui « des paratonnerres ou des antennes radio, constamment traversés par la bande passante », reconnaît Emmanuel Schwartz, certaines choses nous accrochent et nous obsèdent plus que d’autres. Dans son cas, ce n’est pas nécessairement une population ou un thème en particulier.

« C’est le phénomène de la polémique qui ne cesse de me percuter. Et qui me confère toutes sortes de sensations paradoxales. À la fois, celle d’être manipulé parfois, et celle d’être complètement inactif dans un monde qui demande de l’engagement. »

En ressort une impression d’urgence. « Cette sensation que les choses s’écroulent et que l’on manque de temps pour réparer n’est pas nouvelle. Je suis persuadé que c’est une sensation que les gens ont eue de tout temps. » Si l’art ne peut pas y remédier, pense l’artiste, il peut certainement être « le médium de la mémoire, une mémoire sensorielle, une mémoire des sensations » des générations qui nous ont précédées.

Camelot d'un jour, allié.e pour toujours