L’endettement des jeunes pourrait être freiné grâce au retour du cours d’éducation financière obligatoire en cinquième secondaire dès septembre prochain. Ainsi, ils pourraient trouver des solutions afin de s’outiller davantage en vue de leur passage à la vie adulte et de leur entrée sur le marché du travail. Établir un budget leur permettra, entre autres, d’éventuellement prévenir de mauvais choix dans la vie, de faire faillite ou au pire des cas, d’éviter la rue.

« C’est une façon de débuter une réflexion sur la vie économique qui les attend. C’est une façon de donner des outils nécessaires à comprendre les mécanismes de notre monde. Comment apprendre à frapper sur un clou quand on ne sait même pas si un marteau existe? Voilà la réflexion première que l’on doit avoir. Tenir pour acquis qu’un jeune aura toute l’information nécessaire dans sa culture familiale est une prémisse qui mène à un échec collectif », assure Pierre-Yves McSween, comptable, chroniqueur économique au 98,5 et auteur de l’essai En as-tu vraiment besoin ?

Éducation financière obligatoire

« L’avenir financier commence tôt. Dès le premier travail, les premiers choix, on crée tranquillement une valeur et on met en place un coût de renonciation. Chaque dépense entraîne la renonciation d’un autre choix. Il faut donc surtout avoir un plan. Qu’est-ce que je fais comme études ? Pour aller où ? Quand ? Dans quel contexte ? Sinon, quel travail dois-je choisir ? Quel est le mode de vie qui y est lié? La vie est toujours économique et les choix faits à 15 ans changent le cours des choses pour la suite », poursuit-il.

« Ce cours leur permettra d’exercer leur jugement et de développer leur capacité à prendre position sur des enjeux financiers, comme l’endettement et l’épargne, de façon à ce qu’ils puissent adopter des comportements responsables qui leur seront bénéfiques dans tous les aspects de leur vie », déclarait récemment Sébastien Proulx, ministre de l’Éducation, par voie de communiqué.

Le coût du crédit

« J’anime des ateliers sur les finances personnelles depuis deux ans et oui, c’est l’une de nos missions d’éduquer les jeunes qui sont dans le pétrin sans le savoir car ils ne comprennent pas ce que c’est qu’un taux d’intérêt sur une carte de crédit, informe pour sa part Josiane Cadotte, animatrice jeunesse d’ateliers d’éducation financière à l’Association Coopérative d’Économie Familiale (ACEF). En ayant un cellulaire, ils sont automatiquement inscrits à un dossier de crédit; qu’ils soient bon ou mauvais payeur, il y a des répercussions. Le taux d’intérêt d’une carte de crédit est d’à peu près 19 % et lors d’un prêt d’argent rapide, ça peut tourner autour de 150 % ».

« Le cours permet de comprendre comment fonctionne le crédit dans notre société et il est également nécessaire de connaître la notion d’épargne. Il aide à se prendre en main et prévoir un budget. C’est un cours intéressant, mais ça vient d’une décision unilatérale du gouvernement. C’est un couteau à deux tranchants, car les banques en profitent en offrant de la formation aux professeurs sur des notions de RÉER et elles vendent leurs produits financiers », s’inquiète-t-elle.

La Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représente 34 000 enseignantes et enseignants, dénonce la décision unilatérale du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, d’implanter obligatoirement le nouveau cours d’éducation financière dès la rentrée scolaire 2017, en réduisant de deux unités le cours de Monde contemporain en 5e secondaire. « Depuis qu’il est en poste, Sébastien Proulx prétend être à notre écoute. Mais qui écoute-t-il vraiment lorsque vient le temps d’imposer dans la grille-matière un cours d’éducation financière ? Les enseignantes et les enseignants ? Non ! Le ministre de l’Éducation choisit de répondre aux besoins des banquiers qui n’ont aucune expertise en pédagogie, lance Sylvain Mallette, président de la FAE, par voie de communiqué. C’est un cadeau empoisonné que le Ministre fait aux profs et aux élèves. »

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