Célébrer le solstice d’hiver chez les Abénakis

De leur territoire ancestral appelé Ndakina (notre territoire), les Abénakis célèbrent le solstice d’hiver depuis des siècles. Même si aujourd’hui la tradition autour de cette nuit la plus longue de l’année a bien changé, elle a gardé ses valeurs profondes : rassembler, raconter et partager.

Sonia Fiset et Marc-Olivier O’Bomsawin sont tous deux Abénakis des communautés de Wôlinak et d’Odanak, au Centre-du-Québec. Ils travaillent tous les jours auprès des jeunes de leurs communautés à développer des approches sociales et pédagogiques intégrant la culture autochtone abénakise. Ils préparent présentement les activités qui auront lieu autour du solstice d’hiver en s’assurant d’y trouver un savant équilibre entre tradition et modernité.

Se réapproprier une fête ancestrale

« Le solstice d’hiver représente la nuit la plus longue de l’année. C’est lors de cette nuit qu’on peut se concentrer sur ce qui se passe en haut, explique M. O’bomsawin. On interprète les constellations et on fait d’immenses feux pour s’y rassembler autour. »

Abénakis veut dire (peuple du soleil levant) et (peuple de l’Est). Une signification importante dans le rôle qu’ils ont dans le récit ancestral des Premières Nations.

Comme l’explique Sonia Fiset : « Le peuple Wabenaki est le gardien du soleil. On doit s’assurer de façon cérémoniale que le soleil revienne. Le solstice est important parce que c’est à nous d’aller le chercher pour le faire briller et illuminer les autres nations. Dans la journée du 21, on va donc se rassembler et faire des chants et des danses pour l’incanter. »

Cette année, ils produiront une courte capsule vidéo avec leurs groupes d’âge primaire et secondaire pour démystifier la célébration du solstice d’hiver. Ils créeront également un sentier illuminé ouvert au public.

« C’est une manière d’impliquer les jeunes et de les reconnecter à leur identité. La culture abénakise s’est beaucoup perdue à travers la colonisation européenne. On travaille fort pour la faire revivre et l’adapter à la réalité des jeunes pour qu’ils s’y intéressent », explique l’animatrice culturelle.

La saison des Aînés

Autrefois, le solstice d’hiver signifiait pour les Abénakis la fin de la période de nomadisme et l’installation dans les maisons longues pour y passer l’hiver. Aujourd’hui, c’est surtout le début de la saison froide qui nous enferme au chaud chez soi.

« La journée du solstice d’hiver, c’est le début de la saison des Aînés, dit Marc-Olivier O’Bomsawin. Parce que l’hiver veut dire qu’on est en attente, pris dans une maison. C’est le meilleur moment pour les aînés de nous parler et nous de les écouter. On rentre dans nos chaumières. On se réchauffe avec le feu, mais aussi avec leurs paroles et tout ce qu’ils ont à nous transmettre. C’est important la transmission de notre histoire orale. »

Dans l’assiette

Autour de la table, un repas facile à partager et consistant sera servi. Le mot d’ordre? Que tout le monde mange à sa faim. « La bouffe tourne toujours autour de la viande sauvage ou du poisson. On l’accompagne avec de la bannique. Manger un ragoût de chevreuil avec un morceau de bannique, ça te remplit beaucoup et pour longtemps, dit Marc-Olivier O’Bomsawin. Comme le solstice a une grande valeur communautaire, c’est un repas qui doit être simple à partager. »

Pour donner du goût à tout ça, on retrouve une saveur bien connue chez nous et qui est un ingrédient incontournable de la culture culinaire abénakise : le sirop d’érable. Des recettes qui tournent autour des produits de l’érable, « il y en a pour toutes nos festivités, c’est partout », dit M. O’Bomsawin.

Chez ce dernier, les fêtes abénakises sont célébrées en famille de manière plus «traditionnaliste».  Différent d’une famille à une autre, pour Sonia Fiset le repas autour du solstice n’est pas très différent de celui de Noël. Même que le solstice est aujourd’hui fêté à travers les fêtes de Noël et du jour de l’An ou chacun y apporte une recette spéciale en formule «potluck».

Dans l’arène

Il ne faudrait pas oublier un axe central de la culture autochtone : la danse et le chant, qui ont une signification particulière et une fonction de communication entre les peuples. Ils étaient centraux lors du rassemblement du solstice.

« Nicole, une des aînées de la communauté, tape toujours sur le clou que chez les Abénakis, la danse occupait une place essentielle, explique M. O’Bomsawin. Autrefois, il y avait des danses pour chaque festivité et pour chaque fonction. Ici ce sera des incantations pour implorer le soleil, alors qu’il se fait de plus en plus rare jusqu’au 21 décembre. »

Bannique frite

Ingrédients
3 tasses de farine
1,5 c. à table de poudre à pâte
2 c. à table de cassonade ou de sucre blanc ou de sirop d’érable
1 tasse d’eau (ou plus, si nécessaire)
Huile pour la friture

Préparation
1. Mélanger les ingrédients secs et ajouter une tasse d’eau jusqu’à obtenir une texture uniforme et malléable. Ajouter de l’eau au besoin.
2. Diviser la pâte et façonner en de petites galettes. Chauffer l’huile et faire cuire les galettes environ 3 minutes de chaque côté, jusqu’à obtenir la texture et couleur désirées.

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 décembre 2022. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot.