Les rôles sont inversés : plus d’une cinquantaine de dirigeants d’entreprises et personnalités publiques, en soutien aux jeunes sans-abri, changent leur statut et arpentent les rues pour l’événement interactif Une nuit dans la rue.

Sous un grand chapiteau, ils ont dormi entassés avec pour seuls bagages un sac de couchage pour cette expérience immersive. Les participants corporatifs ont amassé des fonds pour soutenir les actions de Dans la rue auprès des jeunes sans-abri.

Il est toutefois difficile de recréer la réalité que vivent les jeunes itinérants parrainés par l’organisme Dans la nuit, fondé par le Père Emmett Johns « Pops » en 1988.

Dans la peau d’un itinérant ?

Les participants vont-ils vraiment se sentir comme s’ils étaient dans la peau des itinérants ? « À 5 % ou 10 % seulement. Leur expérience n’est pas réelle, car ils ne vivent pas l’anxiété de vivre dans la rue, ici le chapiteau dans lequel les participants vont dormir est sécurisé. C’est plutôt symbolique et ce qui est important c’est l’intérêt que ça suscite », indique Cécile Arbaud, directrice générale de l’organisme Dans la rue.

Troquant son complet-cravate pour des jeans, t-shirt et kangourou, Robert Dumas, président de la Financière Sun Life pour le Québec, ne se sent pas non plus comme un itinérant, car « demain tout redeviendra à la normale… Ce sera un retour au travail ». Cependant, il conçoit que le but de la soirée c’est de conscientiser les gens à l’itinérance. « Je suis bouleversé de voir qu’un bon nombre de jeunes itinérants ont des problèmes de santé mental ou de drogues, sont au fond du baril et n’ont plus beaucoup d’espoir. J’ai pu voir le travail de Dans la rue qui rebâtit leur confiance et les aide à refaire partie de la société. Ça m’a vraiment impressionné ! », déclare-t-il.

Célébrités à l’œuvre

Pour Geneviève Brouillette, comédienne et co-animatrice de la soirée, son cadeau c’est de donner de son temps tout en permettant de changer sa perception de ces jeunes. « On est méfiant quand on ne connait pas leur situation; c’est déstabilisant. Mon implication dans l’événement est importante pour moi, car c’est ma contribution et ça va me faire perdre mes préjugés », dit-elle.

Animateur radio à ICI Musique à Radio-Canada et co-animateur de la soirée, Philippe Fehmiu, s’est senti la fibre altruiste en s’étant porté volontaire pour la cause. « Je suis curieux et je veux mieux comprendre les problématiques de ceux qui vivent dans la rue. Mon regard est assez empathique et je peux aider, car je suis capable de mobiliser mes auditeurs à travers mon micro tous les jours avec des sujets tels que l’entraide, la solidarité et la bienveillance. C’est une façon collective d’attirer l’attention médiatique pour les organismes qui ont besoin de financement », estime-t-il.

Quant au président de la Financière Sun Life: « Participer à cet événement est une occasion unique pour mieux connaître la réalité de Dans la rue et soutenir concrètement cet organisme, qui aide au quotidien des jeunes écorchés par la vie. Quand on sait que la majorité d’entre eux n’ont pas de diplôme d’études secondaires et que plusieurs ont connu les services de la Direction de la protection de la jeunesse, on comprend qu’il faut agir pour le bien de notre communauté ».