« Je me prédispose, je me présente et je m’abandonne devant ma page blanche », voilà comment Louise Portal, auteure, comédienne, chanteuse et conférencière décrit son processus d’écriture. Cet exercice, elle le conçoit comme une prière, une forme de méditation quotidienne. Discussion autour de l’écriture comme thérapie entre cette grande artiste québécoise et la camelot Jo Redwitch.

L’écriture quotidienne est l’exercice que nous avons en commun Louise Portal et moi. C’est lorsque j’ai découvert l’intimité de son écriture — à la lecture de son dernier livre Seules : ces femmes que j’aime — que j’ai compris qu’il était impératif que je discute avec cette femme inspirante.

Cet ouvrage est une suite de portraits romancés de 15 femmes qui ont été importantes dans la vie de Louise Portal. Sa démarche d’analyse et d’introspection m’a permis d’aller encore plus loin dans son intimité. Nous nous sommes rencontrées dans le studio de la photographe Laurence Labat : un endroit spacieux baigné par la douce luminosité d’un matin d’avril.

J’ai failli annuler ma participation à cause d’un rendez-vous médical, mais une fois plongé dans son livre, j’ai été captivée par les différents portraits — particulièrement celui de Pauline, sa sœur jumelle — et j’ai compris que je devais absolument la rencontrer. Je ne l’ai pas regretté.

Mon premier objectif était de découvrir ses techniques d’écriture. J’écris moi-même et sa grande expérience m’interpelait. Mais rapidement, c’est la femme derrière l’auteure qui m’a touchée. Louise Portal, c’est avant tout une femme d’une grande sensibilité.

 

« Quand j’aurai apprivoisé toutes ces femmes qui sont en moi, j’aurai apprivoisé celle qui est dans le miroir. »

– Louise Portal

L’art d’écrire

Pour entrer dans le vif du sujet, je demande à l’auteure quelle est la différence entre l’écriture d’un personnage et l’incarnation d’un personnage. Elle me répond que pour elle, c’est à peu près la même chose. Sinon, comment aborde-t-elle l’écriture? « Dans un premier temps, j’écris tout à la main. J’ai toujours pensé que la main était la suite du cœur. À l’ordinateur, on a tendance à vouloir se corriger à mesure, alors qu’avec un stylo et un papier, on ne s’occupe pas des fautes d’orthographe, on laisse monter la voix intérieure qui cherche à s’exprimer. »

Cet exercice ne date pas d’hier. Dès l’âge de 12 ans, Louise Portal se confiait dans des cahiers. Aujourd’hui, elle en a accumulé plus de 113. Elle ne savait pas à l’époque qu’il s’agissait des prémisses d’une carrière littéraire et qu’elle serait un jour l’auteure d’une vingtaine d’ouvrages. « Plus jeune, j’avais besoin de me confier », raconte-t-elle. Ce n’était pas seulement par passion, c’était un acte viscéral, une manière de mieux se connaître : « Écrire, c’est un outil de connaissance de soi et de guérison, explique-t-elle. L’inspiration vient de notre inconscient, de notre passé, de notre enfance, mais aussi de la part d’ombre et de lumière que nous avons tous. »