L’audace. C’est le mot qui a été choisi pour célébrer le 50e anniversaire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Un mot qui semble bien résumer ces années qu’on ne peut évidemment pas séparer des mouvements de grèves et autres mobilisations. Serait-ce là la définition de ce que beaucoup nomment aujourd’hui « l’esprit UQAM » ?

Qu’ont en commun Louise Richer, fondatrice de l’École nationale de l’humour, Cathy Wong, première femme à présider le Conseil municipal de Montréal, le météorologue Pascal Yiacouvakis ou le cinéaste Denis Villeneuve ? Hormis leur notoriété et talent respectifs, ils sont tous passés par l’UQAM pour compléter leur formation académique. Ils font donc partie de ces Québécois à avoir fait le choix de poursuivre leurs études au niveau universitaire.

Mais pourquoi avoir choisi spécifiquement l’UQAM ? En lisant leurs entrevues publiées par Actualités UQAM, le média électronique institutionnel de l’université, les mots « effervescence », « engagement », « transformation » sont ceux qui reviennent le plus. À raison ?

Née d’idéaux

À la fin des années 1960, au sortir de la Révolution tranquille, le message populaire était plutôt clair : on voulait rendre les études universitaires accessibles à tous, y compris à ceux et celles qui n’en avaient pas les moyens. Un premier mouvement étudiant se forme alors pour demander la création d’une seconde université francophone à Montréal, la première étant l’Université de Montréal, fondée en 1878. Cette dernière était considérée par beaucoup comme trop élitiste et pas assez représentative des élans populaires de l’époque.

Ce tout premier mouvement donne lieu à des assemblées générales, des grèves et des manifestations dans plus d’une quinzaine de cégeps et associations universitaires de la province. L’ambition était grande, il s’agissait alors de créer une université qui pourrait côtoyer son homologue anglophone, l’Université McGill, fondée en 1821, et, quelques années après, l’Université Concordia, en 1974. Une seconde université francophone qui prendrait toute sa place dans le paysage montréalais en imposant sa vision de l’éducation.

Le souhait était aussi d’atteindre plus d’égalité, plus d’accessibilité aux études universitaires. Il fallait créer une université qui aurait pour idéal de s’éloigner de l’élitisme au moment où de nombreux jeunes, souvent issus de quartiers défavorisés et des communautés culturelles, n’avaient pas accès aux études dont ils rêvaient.
Rappelons qu’à cette époque, la population québécoise était l’une des moins scolarisées au Canada : seuls 13 % des jeunes Québécois francophones terminaient leur 11e année et un peu moins de 4 % d’entre eux s’engageaient dans des études universitaires.

Ces aspirations sont nées d’événements précurseurs : en 1960, le Parti libéral de Jean Lesage alors au pouvoir met en place la Commission royale d’enquête sur l’enseignement, mieux connue sous le nom de Commission Parent. Trois ans plus tard, quelque 500 recommandations conduisent à la refonte du système éducatif québécois mesure après mesure.

Les études universitaires en chiffres

Au Québec, en 2015, la proportion des femmes de 25 à 54 ans ayant obtenu un baccalauréat ou un diplôme universitaire supérieur au baccalauréat comme niveau de scolarité était plus élevée que celle des hommes. Notons qu’en 2006, seulement 21,4 % de la population québécoise âgée de 15 ans et plus possédaient un certificat ou un grade universitaire. Au niveau national, en 2016, plus de la moitié des Canadiens de 25 à 64 ans étaient titulaires d’un diplôme d’études collégiales ou d’un diplôme d’études universitaires, soit une hausse de 48,3 % depuis 2006. Notons que la même année, le Québec affichait le plus haut pourcentage de jeunes diplômés en sciences et technologies du génie, mathématiques et sciences informatiques, qui occupaient un emploi dans leurs domaines d’études.

Photo : Jon Lewis / Flikr