Le 13 septembre dernier, des citoyens se sont joints aux camelots de L’Itinéraire et à l’équipe de Talsom à l’occasion d’un après-midi pour le moins créatif. L’objectif, trouver des manières, à travers le design thinking, de résoudre un problème que rencontrent de nombreux vendeurs de rue dans le cadre de leur mission à L’Itinéraire.

Jeudi après-midi, vers 14 heures, environ 200 personnes se sont réunies à l’Espace Faubourg Québec, un parc érigé sous un viaduc, du côté du Vieux-Montréal.

La journée est idéale. Le soleil brille. Des tables de pique-nique ont été alignées. Tout au bout, un traiteur sert du café et des petits gâteaux. La musique donne au tout une ambiance de fête. Les gens sont excités ; ils viennent de tous les milieux, pour leurs camelots, par passion pour les nouvelles technologies, ou peut-être les deux.

Des gobelets en carton à la main, les gens triquent. La caféine qu’ils contiennent moussera leur productivité.

Briser la glace

L’après-midi commence par une activité d’une quinzaine de minutes pour briser la glace. Réunis par groupe de six, les participants ont pour mission de trouver une façon de faire tomber un œuf sans qu’il ne se brise. À leur disposition : des ballons, des pailles, du fil, du ruban gommé, des post-it, et tout ce qui peut traîner sur la table : des verres en plastique, des bâtonnets à café, un paquet de cigarette.

À la fin du temps imparti, l’excitation est à son comble : les objets construits par tous les groupes vont-ils sauver l’œuf ?

3,2,1… Tout le monde lance sa création en l’air. Il y a des espèces de montgolfières, des boîtes, des objets en forme de tipi. La plupart des œufs atterrissent intacts, sous un déferlement d’applaudissements.

Nos camelots

Les liens resserrés, Luc Desjardins, directeur général deL’Itinéraire, s’empare du micro pour rendre hommage à nos camelots. Après tous, c’est pour eux que tout le monde est là. Certains essuient même une larme, discrètement. « Nos camelots ne sont pas des quêteux, ils sont là pour travailler, chacun à son rythme », rappelle-t-il.

Design thinking

Avant d’entrer dans le vice du sujet, Éric Dupont, vice-président Laboratoire d’innovation, explique aux participants ce qu’est le design thinking. « Le design thinking, c’est une façon de chercher des solutions à des problèmes. C’est centré sur le besoin des gens qui nous entourent, et sur la faisabilité. Et, ça doit aussi être rentable, sinon ça ne sert à rien. »

Il s’attarde sur les valeurs du projet et évoque, entres autres, l’empathie. « L’empathie, c’est nécessaire puisqu’on est là pour régler le problème de quelqu’un. Pour réussir, il faut faire l’effort de le comprendre vraiment. Et parfois c’est plus que ce que le camelot va vous dire », montre-t-il.

Le défi

Il est 14h30, le temps est venu de se lancer. Durant une heure et demie, les participants vont devoir réfléchir en équipe, aidés par des facilitateurs.

Chaque table doit travailler sur une question spécifique. « Comment permettre aux clients d’acheter L’Itinéraire ou d’aider un camelot même s’ils n’ont pas d’argent sur eux », « Comment faire l’interaction avec un camelot une expérience mémorable qui bénéficie à la fois au passant et au camelot ? », « Comment augmenter la visibilité, la sensibilisation et l’affluence de don pour l’organisme Lu2018itinéraire ? », etc.

Une fois le temps expiré, les groupes sont invités à se filmer pour garder trace de leurs idées.

Certains décident même de présenter leurs idées devant l’assemblée, sous forme de petites scénettes improvisées.

Parmi les solutions trouvées, un groupe propose une plateforme web qui permettrait aux camelots d’offrir leur force de travail pour des tâches ponctuelles à des particuliers. Un autre suggère de changer le nom de L’itinéraire. « Car on nous prend trop souvent pour des itinérants », dit un camelot.

En fin d’après-midi, les sourires sont sur tous les visages. Mais le projet de l’Itinéraire et de Talsom ne s’arrête pas là. Les équipes sont encore loin d’avoir trouvé un produit fini : l’objectif réel, c’est de surmonter le problème des clients qui n’ont pas d’argent liquide sur eux. « On va continuer jusqu’à ce que les gens disent : « C’est incroyable je ne changerais rien », rappelle Éric Dupont.

Photo : Mario Alberto Reyes Zamora