Josée Panet-Raymond
Rédactrice en chef

Nous assistons, depuis 2017, à une nouvelle révolution féministe tant à l’échelle nationale que mondiale. Depuis la vague de dénonciations #MeToo/#MoiAussi, #BalanceTonPorc, et j’en passe, les femmes ont uni leurs voix pour mettre un terme aux comportements des hommes qui utilisent leur statut de « sexe dominant » pour agresser et opprimer les femmes. Ça ne passe plus ! Ces hommes ne pourront plus poser d’actes odieux sans impunité. L’opprobre populaire y veillera. On semble avoir franchi une étape. On peut difficilement revenir en arrière.

Vent de changement

Alors qu’on avait l’impression de faire du sur-place en matière de féminisme ces dernières années, un ras-le-bol universel s’est fait sentir. Outre le mouvement #MeToo/#MoiAussi, des petites et grandes avancées sont venues souffler un vent de changement sur la condition féminine un peu partout dans le monde.

Comme ces Iraniennes qui défient l’ayatollah en larguant leur voile en public, un acte révolutionnaire et courageux. Comme ces millions d’Américaines qui se mobilisent pour manifester ponctuellement dans les rues contre les positions rétrogrades de l’administration Trump. Comme ces Africaines qui dénoncent de plus en plus des pratiques barbares telles les excisions et le repassage des seins (au Cameroun) et autres mutilations qu’elles subissent au nom de la « modestie ». Comme ces femmes – et ces hommes – en Inde qui se portent publiquement à la défense des victimes de viols collectifs, encore trop souvent impunis.

En faisant la déclinaison de ces actions, il est désolant de constater qu’en 2018, on doive encore se battre pour des droits aussi fondamentaux. Il reste tant à faire pour en arriver à une réelle égalité entre hommes et femmes. D’où la nécessité des féministes, des militantes et des battantes d’aujourd’hui.

Pendules à l’heure

Dans cette édition du 1er mars, traditionnellement dédiée aux femmes, nous explorons leurs diverses réalités. C’est le cas de notre dossier, réalisé par notre journaliste Manuel Foglia, sur la réinsertion sociale des femmes québécoises incarcérées et celles qui ont recouvré leur liberté. S’y ajoute une entrevue avec Danielle Trottier, l’auteur d’Unité 9, qui met en lumière et défie les perceptions que nous avons de ces femmes.

Nous remettons aussi les pendules à l’heure en vous présentant un reportage sur Tarana Burke, la véritable initiatrice de Me Too, qui travaille depuis 2006 à permettre aux femmes victimes d’agressions de s’affirmer et s’affranchir. Celle qui a été occultée de la page couverture du TIME Magazine, célébrant les « briseuses de silence » comme personnes de l’année, figure sur notre une. Ce reportage, réalisé par une collègue du journal de rue suédois Faktum, révèle le caractère et la ténacité de celle qui a initié ce mouvement devenu viral à travers le monde.

Côté historique

Pour savoir où nous allons, il faut savoir d’où nous venons, comme le dit le dicton. C’est donc pour célébrer l’apport de ces femmes précurseures du mouvement féministe que notre camelot Roger Perreault vous présente Idola Saint-Jean, figure marquante des racines du féminisme du Québec. Celle qui a prêté sa plume, sa détermination, sa verve et son courage pour faire avancer le droit de ses consœurs au début du 20e siècle, a fait l’objet d’une biographie fort intéressante. Notre rédacteur s’est entretenu avec l’une des co-auteures pour vous en faire un compte rendu.

Et, comme d’habitude, nos camelots ont leur mot à dire. À la question : Que pensez-vous du féminisme ?, vous trouverez les réponses franches, sans détours et non censurées provenant surtout de notre contingent masculin, dans la rubrique Dans la tête de, en pages 34-35. Bonne lecture !