Vivre le racisme ou l’exclusion

Par Yvon Massicotte

Camelot Université-de-Montréal

Mon expérience dans la rue pourrait vous servir de miroir en tant qu’humain. Je ne croyais pas avoir de préjugés, jusqu’au moment où j’ai vu un jeune homme d’une vingtaine d’années, en pleine santé, en train de mendier pas trop loin de L’Itinéraire.

C’était l’une de mes premières journées comme camelot. Je me rappelle ce que j’en avais pensé : je me disais que j’avais travaillé pendant plus de 40 ans et ce gars- là me demandait « Hey man as-tu 2 $ ». Je n’en revenais pas.

Lorsque je fréquentais la cafétéria de L’Itinéraire, je n’osais pas parler à des gens qui avaient des problèmes de santé mentale. J’avais l’impression que les gens se feraient une mauvaise opinion de moi et penseraient que j’étais comme eux. Dans la rue, j’avais tendance à catégoriser les gens par rapport à leur habillement, leur allure, leur problème d’alcoolisme ou de toxicomanie.

Aujourd’hui, ma façon d’être a énormément changé. Je crois, comme bien des gens, que lorsque tout va bien on ne peut se rendre compte de la misère des gens qui vivent l’exclusion sociale. Une personne itinérante qui vit cette exclusion pendant plusieurs années a de gros risques de développer des problèmes de santé graves tels l’alcoolisme, la toxicomanie, la dépression.

Après tant d’années dans la rue comme itinérant, et comme camelot à L’Itinéraire depuis plus de 12 ans, j’ai finalement compris plusieurs choses : on ne peut catégoriser les gens à première vue.

Un exemple. Quand je vous parlais du jeune homme au début qui me demandait de l’argent, maintenant j’ai une tout autre réflexion par rapport à sa situation. Est-il possible que ses parents assistés sociaux, alcooliques ou toxicomanes n’aient pu s’occuper de son éducation et qu’il n’ait d’autre alternative. Je ne crois plus, maintenant, qu’il était là par choix.

Cet article intégral vous est offert gracieusement par L’Itinéraire.

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