Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience est le dénouement d’une aventure de 10 années de cueillettes de témoignages et de diffusion des cultures autochtones, entreprise par Elisabeth Kaine, commissaire de l’exposition avec l’apport inestimable de plus de 800 membres des premiers peuples du Québec. L’exposition porte la volonté des communautés de redevenir vivantes, de faire reconnaître des connaissances trop souvent écartées, de provoquer la rencontre entre les cultures qui contribue à ce long voyage vers la réconciliation. Présentée par le Musée McCord depuis le 1er octobre, Voix autochtones d’aujourd’hui regroupe une centaine d’objets, des témoignages écrits et audio, des initiatives collaboratives, à travers trois zones : celle des savoirs, des tourments et de la rencontre.

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La visite de Desmond

L’apparence discrète et le regard lumineux, Desmond, l’un des participants du programme Maison Ronde, semble «s’abriter» derrière les pas de ses deux intervenantes, à l’entrée de l’exposition Voix autochtones d’aujourd’hui.

Dans la zone 2 de l’exposition, celle qui touche aux traumatismes vécus et subis, la lumière tamisée laisse deviner le poids de ce qui y est exposé. Pensionnats, alcoolisme, abus sexuels, perte du territoire, de la famille, des enfants. Tout y passe. Au détour d’un pilier, des articles relatent des programmes d’adoption des enfants autochtones et métis mis en place par les gouvernements dans les années 60. Plus bas, une vidéo et un texte rouge: «[…] On parle de dizaines de milliers d’enfants arrachés à leurs communautés, donnés ou vendus sans le consentement des parents». Le sujet interpelle Desmond: «Moi aussi on a essayé de m’acheter», lance-t-il sans un mot de plus. Il s’expliquera plus tard: «J’étais un bébé à l’époque. Nous n’avons jamais su pourquoi l’homme a essayé de nous acheter. Il a quand même essayé à trois reprises avec trois offres différentes. C’est fou! Mais mes parents et mes grands-parents se sont battus pour moi

Desmond a 18 ans. Il a «atterri» en ville après avoir grandi dans l’un des villages cris de Waswanipi, une municipalité isolée par les bois et les lacs à 300km au nord de Val-d’Or. Aujourd’hui, il est animé par un retour à l’école et l’obtention d’un diplôme.

«J’ai été surpris de voir autant de choses sur les cultures autochtones. Je m’attendais à voir beaucoup de “white people stuff”. Alors j’ai vraiment apprécié. On dirait que je connaissais déjà ces choses, mais de les voir, c’est venu me chercher.»

– Desmond