Jusqu’au 1er septembre, l’Écomusée du fier monde présente une superbe exposition rétrospective de l’œuvre de Zïlon. Connu surtout pour ses graffitis, Zïlon est aussi un peintre, un dessinateur, un designer de mode, voire un artisan du jeu vidéo, mais c’est surtout un créateur inclassable, iconoclaste et un authentique punk ! C’est en (re)voyant ses œuvres rassemblées sous une même enseigne qu’on constate que c’est un artiste majeur de la métropole, dont tout Montréalais de plus de 30 ans connaît le travail au moins en partie sans forcément savoir que c’est de lui. En marge de cette expo-hommage, L’Itinéraire l’a rencontré.

Faire une entrevue avec Zïlon, ce n’est pas banal. Il a assurément quelque chose à dire et son message est pertinent, mais il n’entre pas dans la catégorie « questions-réponses » et « tenons-nous-en au script ». Après avoir passé plus de 30 minutes à ne pas répondre à notre première question, nous nous sommes vite rendu compte que nous n’étions pas en présence d’un personnage qui correspond aux moules de la société. Entre quelques sacres bien sentis et des tirades sur une société où le paraître et le superficiel triomphent de plus en plus, il nous a surtout parlé de ce qui anime son art depuis toujours.

« Moi, j’aurais dû crever dans les années 1990 ! Les années 1970, 1980 et 1990, c’était vraiment là le top de la contre-culture ! Le blast ! Aujourd’hui 1984, ce n’est même plus la police, c’est nous tous en train de prendre des photos de tout le monde avec un cellulaire. Pas facile de nos jours de faire du graffiti.»

Zïlon a commencé à se faire remarquer à la fin des années 1970, par des visages très stylisés qu’il faisait en graffiti dans différents lieux publics. « Souvent vers 2 h du matin, avec des aérosols de fortune volés chez Canadian Tire, quand les flics prenaient leur pause Dunkin’ Donuts », confie-t-il. Au fil du temps, il a aussi fait de la bande dessinée avec Anik Jean, des story-boards pour le premier film de Robert Lepage, des affiches pour le cinéma ou le théâtre, d’énormes fresques en direct, sur différents commerces, sur des meubles, des murs ou sur des articles de mode. Il est un artisan majeur de ce que l’on appelle le street art, un mouvement artistique où les œuvres sont réalisées dans la rue ou dans des lieux publics. Cela implique que personne ne sera jamais propriétaire de l’œuvre en question et que sa pérennité est totalement aléatoire.

La contre-culture et les « Foufs »

Zïlon fait aussi partie de cette première génération d’artistes qui accomplissaient les performances en direct et qui ont fait la renommée des Foufounes Électriques, lors des premières années du bar mythique de la contre-culture montréalaise. Des dizaines de personnes se rassemblaient alors pour des prestations où se mêlaient – souvent de façon un peu chaotiqueu2009 – musique, danse, ballet, peinture et « joyeux bordel » en tous genres.

Parmi ses réalisations éphémères, Zïlon a réalisé en 2009 une œuvre dans la vitrine du prestigieux magasin Ogilvy au centre-ville. Dans le cadre du Festival MURAL en 2014, il a créé une œuvre monumentale sur la devanture du « dépanneur ouvert 24H » au coin des rues Marie-Anne et Saint-Dominique. Des projets dont il est particulièrement fier puisqu’ils donnent accès à l’art à un public qui autrement ne fréquenterait jamais les galeries ou les musées. Dans toute sa démarche, le do-it-yourself si cher à la culture punk et la démocratisation de l’art ont toujours été au cœur de ses préoccupations.

La suite dans le magazine…

Zïlon et le Montréal underground
se termine le 1er septembre.
En présentant votre titre de transport en commun,
vous aurez 2 $ de rabais pour l’entrée qui est
déjà très abordable à 8 $.
L’Écomusée du fier monde : 2050 rue Atatekan (Amherst)

ecomusee.qc.can