Oui, je sais.  Rien de plus prévisible que de parler de vacances durant le mois d’août. J’aurais pu parler des 50 ans de l’UQAM – notre dossier central -, de la crise du logement, de ce qui se passe à Oka et de toute la complexité de cet enjeu, de la fierté de Fierté Montréal, d’une panoplie d’événements et d’enjeux sociaux qui animent notre société et notre quotidien. Mais je me résigne à un sujet plutôt banal : les vacances.

Les camelots me répètent sans cesse les questions « Prends-tu des vacances ? » ou « Aye, t’es pas en vacances ? ». À chaque jour, elles et ils sont surpris de me voir à mon bureau… même si je leur ai dit la veille que je prenais deux semaines de vacances en septembre.

Alors, en espérant ne pas avoir à le répéter suite à cette annonce : chers camelots, je prends deux semaines de vacances en septembre. Non, ce sont de vraies vacances, je ne lirai pas mes courriels chaque jour. Oui, je serai là pour notre journée Camelot d’un jour. Oui, je vais ramener des photos.

C’est un voyage en Europe, mon premier. Ma blonde et moi nous arrêtons à Toulouse, à Barcelone, possiblement à Paris (il faut bien voir la tour Eiffel au moins une fois dans sa vie), et puis en Suisse.

Hier, nous avons soupé en famille avec mon cousin paternel John, que je n’avais pas vu depuis sept ou huit ans et dont la conjointe et les enfants faisaient un road trip à travers le Canada et les États-Unis depuis cinq semaines. Méchantes vacances, ils seront plus épuisés au retour qu’au départ !

Je réalise que le sens des vacances change. Quand j’étais plus jeune, nous passions nos vacances chaque année au même endroit : Bouctouche, un village du Nouveau-Brunswick au cœur de la péninsule acadienne, d’où je tiens mes origines. Nous louions un chalet sur le bord de la plage, tout comme mes grands-parents le faisaient à l’époque. Les vacances, c’était pour nous profondément rattaché à la famille, au retour aux sources, à l’importance de nos origines et de les transmettre aux enfants.

Aujourd’hui, ma copine et moi – comme beaucoup de gens – nous demandons plutôt quelle nouvelle région visiter, passionnés par la découverte d’autres lieux, de nouvelles rencontres, par cette soif d’en apprendre le plus possible sur le monde qui nous entoure.

On dirait que de plus en plus, prendre des vacances est synonyme de vivre de nouvelles expériences, quitte à être plus fatigués au retour qu’au départ. Au lieu d’un retour aux sources pour se ressourcer, c’est plutôt un départ vers d’autres cours.

Il y a deux ans, ma copine et moi sommes restés quelques jours à Shediac, une petite ville du Nouveau-Brunswick que plusieurs connaissent sûrement, pas loin de Bouctouche et faisant partie de l’Acadie. La vue du sable, des herbes longues et de la même mer qui avait bercé mon enfance, l’odeur (comment oublier l’odeur) saline de l’air bien singulière, entre la trappe à homards usée et le carburant de bateau de pêche, le vent rafraichissant et vivifiant de la côte, le goût du homard acadien (parce que le homard acadien goûte l’Acadie, la vie)… Je connaissais déjà profondément tout ça, je l’avais déjà vécu des dizaines de fois, mais c’était une expérience bien plus puissante que toutes les découvertes.

Malgré notre soif de découvertes, n’oublions pas nos origines et l’importance d’un retour aux sources.