En février 2025, Benoit Pinette, alias Tire le coyote, met la main sur une vieille cassette 4-pistes. Au même moment, Trump est de retour à la présidence américaine et signe les décrets à un rythme effréné. Ces deux événements, en apparence sans rapport, donneront pourtant naissance à Ventouse, un album dépouillé, nourri par l’angoisse de l’actualité.

Sorti le 28 mai, il s’écoute presque comme une seule longue pièce. Dans les neuf titres, l’artiste jette un regard critique sur les dérives sociales et politiques états-uniennes, et sur une extrême droite de plus en plus décomplexée. C’est aussi l’une des rares fois où il s’autorise une posture aussi engagée.

Textes en main, café sur la table, bien posés, les camelots Siou Deslongchamps et Simon Jacques ont écouté ensemble la dernière offrande du « folkeur ». Cette session d’écoute, en parallèle de l’entrevue avec l’auteur-compositeur-interprète, a suscité des discussions animées, tantôt artistiques, tantôt politiques ; chose certaine, jamais plates.

« Ça fait très Bob Dylan, c’est très protest songs », pense Simon Jacques à sa première écoute. « On dirait qu’on est en train d’écouter un vinyle », lui répond Siou.

Retour sur une discussion engagée.

Ton album Dynastie est sorti en octobre 2024. La tournée n’avait pas encore commencé que tu proposais déjà Ventouse. Qu’est-ce qui t’a poussé à replonger aussi vite dans un nouveau projet ?

J’étais dans un entredeux d’écriture. Dynastie venait de sortir, j’avais terminé un autre projet juste avant les Fêtes. Et puis, en janvier-février, je me suis retrouvé sans projet concret. Deux semaines comme ça et je commence à perdre pied. Il faut que j’aie quelque chose à faire. Je me demandais : « Dans quoi je m’en vais maintenant ? J’ai déjà publié un recueil de poésie, est-ce que je replonge là-dedans ? Est-ce que je me lance dans un livre ? »

Et pendant ce temps-là, les nouvelles s’accumulaient, l’angoisse montait. C’est aussi là que j’ai mis la main sur cette vieille machine. Je voulais juste expérimenter, voir ce que ça pouvait donner. J’ai commencé par une chanson, en me disant que ça deviendrait peut-être un single. C’est venu comme ça, de manière un peu instinctive.

Vous venez de lire un article de l’édition du 15 juillet 2025.Abonnez-vous aux infolettres de L'Itinéraire