Ce qui anime le plus la compositrice, Katia Makdissi-Warren, ce sont les ressemblances.
« On est beaucoup plus semblables que différents, dit celle qui est aussi directrice artistique de Oktoécho, un ensemble spécialisé dans le métissage des musiques occidentales, orientales et autochtones. Quand j’écris, j’aime partir de quelque chose de similaire. Il y a toujours quelque chose, une petite affaire, une philosophie. Après ça, c’est le fun d’aller dans la différence. » Car pour inciter quelqu’un à tendre vers quelque chose qu’il ne connaît pas, il doit pouvoir se reconnaître, au moins en un point, « sinon ça n’a pas de sens », affirme-t-elle. « Si un Québécois de musique trad vient pour la première fois jouer avec nous, il y a certaines gammes arabes que je ne ferai pas jouer, sinon il ne sera pas heureux. Il n’arrivera pas à donner qui il est. Or, il faut que tout le monde puisse donner le meilleur de qui il est. Même s’il y a des défis. » C’est ainsi que naît une vraie rencontre, sans dénaturation.
Un lieu de partage
Katia Makdissi-Warren jongle avec les cultures musicales depuis près de 25 ans comme un autre compositeur accorderait la flûte avec le trombone dans un orchestre symphonique.
« J’essaie d’orchestrer quelque chose qui fait un tout avec des éléments sonores différents. »
Étudiante, la Québécoise a rapidement perçu la musique comme un lieu de partage. À travers son langage, elle dit chercher à « rejoindre la source commune à tous les peuples ».
« Dans mon cas, ça a commencé par une rencontre entre l’Occident et le Moyen-Orient, parce que ma mère est libanaise. Une fois que mon groupe était plus à l’aise, je suis allée chercher Nina [Segalowitz] et Lydia [Etok], parce que la culture autochtone me tenait à cœur depuis toute petite », dit-elle.
Un entredeux
La musique métissée, c’est un peu comme les gens… « Quand je suis ici, la plupart des gens m’appellent la Française, parce qu’ils trouvent que j’ai l’accent français, mais, si je suis en France, c’est pas du tout ça. Les musiques que j’ai écrites au début, quand je les amenais au Liban, c’était de la musique complètement occidentale, mais lorsque je jouais la même musique ici, c’était de la musique typiquement arabe. C’est quelque chose comme un entredeux », suggère Katia Makdissi-Warren.
Avec Trancestral – album de l’année 2022 en musique du monde au Gala de l’ADISQ –, des musiques autochtones (chœur pow-wow, chants de gorge inuit, chant métis) dialoguent avec des mélodies arabes. « J’ai composé toutes les lignes soufies. Quelqu’un qui les entend va dire que c’est de la musique arabe, mais pour les accentuations et tout, je me suis beaucoup basée sur la musique de pow-wow. »
Vous venez de lire un article de l’édition du 15 juillet 2025.