« C’est sûr qu’ils vont bien étudier, les enfants, nous sommes ici pour eux. » Adjoua Mauricette Kouakou, mère de Noah, 10 ans, et Maëva, huit ans, en est convaincue.

L’Ivoirienne parle avec détermination, fierté et optimisme. Hélas, cela n’a pas toujours été ainsi.

Six ans plus tôt, l’étudiante en sciences de l’éducation a plié bagages pour Montréal. Comme toute immigrante, elle est là pour ses enfants : « On a pensé à eux parce qu’on était dans un pays où des troubles venaient de commencer ». Toutefois, l’expérience d’immigration dissimule souvent des surprises moins agréables. À commencer par le logement, un besoin primaire pour tout humain.

Le logement joue un rôle particulier dans la vie d’un immigrant qui a tout abandonné pour se reconstruire. Pour Adjoua, « c’est un toit, un lieu où se reposer après des jours de stress. Et un logement grand et confortable, c’est important ! »

Adjoua était chanceuse, au début. « Des amis nous ont hébergés les premiers jours », explique-t-elle et les ont aidés, elle et son mari, à trouver leur premier appartement. Mais le trois et demi était si petit et étroit qu’il lui semblait comme une chambre. Tout cela contrastait avec ce que connaissait l’Ivoirienne dans son pays natal, où il y avait de grandes maisons avec de vastes chambres et des cours.

À cette époque, la petite Maëva apprenait à marcher et tombait souvent. Le bruit irritait le propriétaire qui « [leur] a demandé gentiment de chercher un autre appartement », une façon diplomatique de les mettre à la porte, malgré le bail. Ce fut un choc : « C’est quoi ce pays, c’est quoi cette culture qui met dehors une famille avec des enfants ! »

Adjoua a commencé à chercher un autre logement, toujours dans Parc-Extension, et certains faits l’ont troublée. Par exemple, un propriétaire leur explique qu’il a changé d’idée et qu’il garde l’appartement pour son enfant alors que l’affiche « à louer » reste omniprésente. Un autre lui dit explicitement que « les Noirs ne paient pas leur loyer ». Des histoires qui lui ont laissé une amertume à peine dissimulée. Elle a également dû composer avec les coquerelles et les souris. Dans un appartement rongé par les moisissures, sa fille tombait souvent malade. Le propriétaire refusant d’agir, la famille a dû déménager.

Adjoua dirait à ses concitoyens qui pensent immigrer au Québec que les conditions du logement y sont très différentes de ce qu’ils ont connu jusque-là. Elle estime aussi que l’accueil des immigrants en matière du logement laisse à désirer, mais qu’elle a été davantage victime de la couleur de sa peau que de son statut d’immigrante.

Heureusement, Adjoua est persévérante et positive, malgré ces épreuves et le divorce. Son histoire regorge de leçons. Elle nous montre une femme qui ne baisse pas les bras grâce à sa persévérance et sa patience.

Bientôt, elle décrochera son baccalauréat en enseignement primaire. Tout un parcours de combattante pour une étudiante et mère de deux enfants vivant dans le dénuement.

Heureusement, il y a aussi de bons voisins dans le quartier. Certains, plus fortunés, ont constitué le Fonds de bourse Parc-Extension, qui octroie une somme de 2000 $ à un immigrant étudiant à l’UQÀM.

Mieux encore, cette bourse, qu’Adjoua a obtenue deux ans de suite, est assortie d’une offre de mentorat. Elle a ainsi profité des précieux conseils d’un directeur d’école et d’un prof en pédagogie qui habitent le quartier, ce qui a grandement facilité son intégration. De belles choses attendent Adjoua et ses enfants.

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