Au Québec, près de 1,8 million de demandes d’aide alimentaire d’urgence ont été comblées par mois, dont la moitié par des familles avec enfants. Il y a eu recrudescence des demandes – surtout au Québec avec une progression de 5,3 %, comparativement à 1,9 % au Canada, révèlent les statistiques du Réseau des banques alimentaires du Québec (BAQ) dans son Bilan-Faim 2016.

« Je trouve ça inacceptable et inadmissible; si nous n’existions pas qu’est-ce que ces gens-là feraient? Quelle est la solution? », s’indigne Zakary O. Rhissa, directeur général du Réseau des BAQ.

« L’économie est à blâmer; elle est comme le bouc émissaire. Si on se compare à l’Ontario, l’an dernier leurs demandes ont reculé de 2 %, tandis qu’ici au Québec elles ont bondi de près de 4 %. Il faudrait qu’il y ait davantage de mesures compensatoires, par exemple au Québec 61 % des demandes concernent les prestataires d’aide sociale, alors qu’en Ontario c’est seulement 20 % des demandes qui proviennent de la population bénéficiant de la sécurité du revenu », ajoute-t-il.

Impact négatif

Si 61,1 % des gens qui ont fréquenté les banques alimentaires en mars dernier étaient prestataires de l’aide sociale, il faut se rappeler qu’en vertu de la loi 70 adoptée le mois dernier, certains assistés sociaux devront se débrouiller pour vivre désormais avec aussi peu que 399 $ par mois. « Cette mesure a un impact majeur et très négatif sur le réseau des BAQ; les gens ont de la misère à joindre les deux bouts et à arrondir leur fin de mois. On entrevoit une hausse des demandes d’aide alimentaire à cause de cette loi », explique M. Rhissa.

Si 10,8 % des personnes qui ont recours à de l’aide alimentaire sont de petits salariés, il est clair que la hausse de 0,3 % du revenu d’emploi est carrément insuffisante, rapporte le BAQ. D’ailleurs, le réseau recommande un salaire minimum à 15 $ de l’heure, ce qui permettrait à une personne travaillant 40 heures par semaine de sortir de la pauvreté.

« Le salaire minimum à 15 $ est une mesure qui ferait tout-de-suite une différence. Il faudrait commencer par celle-là, ainsi les banques alimentaires existeraient seulement de manière exceptionnelle et constitueraient une aide d’urgence, soutient M. Rhissa. Il faudrait trouver un moyen afin de vivre dans une société qui nous ressemble; de moins en moins de personnes bénéficiant des banques alimentaires. Peut-être avec des mesures fiscales d’aide, soit les améliorer ou bien les réviser. Aussi, il faudrait une révision globale des montants alloués par l’aide sociale, les rentes d’invalidité, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), les pensions de vieillesse et le chômage. Ces allocations sont clairement insuffisantes, la preuve : ces personnes fréquentent les banques alimentaires ».

Le réseau du BAQ dessert deux types de clientèle; celle qui a une insuffisance de revenu et l’autre qui sont des travailleurs pauvres. Alors que 20 % de ses clients vivent dans une habitation à loyer modique (HLM), la majorité des autres (80 %) payent leur loyer au prix du marché avec un revenu moindre.

« C’est très très inquiétant; le prix des loyers a gonflé rapidement et les salaires ne talonnent pas. Il n’y a pas des mesures de compensation pour les gens qui ne peuvent pas avoir accès aux logements sociaux, s’alarme M. Rhissa. On observe qu’entre 2008 et maintenant, la clientèle québécoise des BAQ a bondi de 34 %. Le coût de la vie a progressé beaucoup plus rapidement que l’indexation des salaires et des revenus. L’indexation des salaires n’a pas suivi l’inflation, ce qui a fait augmenter le coût de la vie ».

Les banques alimentaires ont vu le jour au cours des années 1980. Plus de 30 ans après, elles fournissent de l’aide alimentaire de première nécessité en répondant à près de 1,8 million de demandes par mois de provisions, repas et collations; un nombre en augmentation année après année. Le réseau des BAQ, avec ses 30 membres Moisson et Associé et ses 1064 organismes affiliés, vient en aide à plus de 400 000 personnes tous les mois. Environ 12,1 % d’entre elles ont eu recours à une banque alimentaire pour la toute première fois.

À Laval 13,8 % des ménages sans revenu ont bénéficié de l’aide alimentaire, suivi de la ville de Granby avec 9,2 % et Montréal avec une proportion de 8,3 %. La moyenne au Québec s’évalue à 3,8 %. C’est pourtant à Kamouraska que 27,9 % des ménages ont été aidés pour la première fois, suivi de Laval avec 22,5 % et ensuite la Vallée de l’Or présentant une moyenne de 21,5 %. Au Québec, c’est dans une moyenne de 13,2 % que les gens sont venus chercher de l’aide pour une première fois. Notons que 100% des organismes desservis par Moisson Mitis (à la jonction du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie) et de Moisson Vallée Matapédia ont manqué de denrées, alors que la moyenne québécoise se situait à 49,3 %.

Ce sont principalement des célibataires qui ont eu recours à ce genre d’aide (45,5 %), comparativement aux familles monoparentales (19,9 %). Pour le temps des Fêtes, c’est 46,6 % des organismes membres du BAQ qui offrent le service de panier de Noël.

Pour lire le document au complet: BILAN-FAIM QUÉBEC 2016 préparé par les Banques alimentaires du Québec.

 

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Plus d’un Québécois sur trois éprouve désormais de la difficulté à subvenir à un besoin de base, c’est ce que révèle un sondage réalisé dans la semaine du 7 novembre pour La grande guignolée des médias. De plus, près d’un sur quatre ne peut combler au moins deux de ces besoins (alimentaire, en santé ou résidentiel).

Les banques alimentaires ont vu le jour au cours des années 1980. Plus de 30 ans après, elles fournissent de l’aide alimentaire de première nécessité en répondant à près de 1,8 million de demandes par mois de provisions, repas et collations; un nombre en augmentation année après année. Le réseau des BAQ, avec ses 30 membres Moisson et Associé et ses 1064 organismes affiliés, vient en aide à plus de 400 000 personnes tous les mois. Environ 12,1 % d’entre elles ont eu recours à une banque alimentaire pour la toute première fois.