Maire de Québec depuis un peu plus d’un an, Bruno Marchand présidera le sommet sur l’itinérance de l’Union des municipalités du Québec qui se tiendra cet automne. En pleine campagne électorale pour la mairie de Québec, il n’a pas hésité à se prononcer sur la question, chose que peu de maires ont fait avant lui. À l’aube de sa visite en Finlande, au Danemark et en Suède en compagnie des maires de Granby et de Laval, il a fait un arrêt à L’Itinéraire pour nous parler de ses objectifs.

En 2018, la ville de Québec a recensé 545 personnes itinérantes dans la capitale. On connaîtra cette année l’impact de la pandémie et de la hausse des prix des loyers sur l’itinérance.

Pourquoi avez-vous pris position officiellement sur l’itinérance ?

J’ai réalisé que ma vie avait du sens quand je travaillais à Centraide, en prévention du suicide. J’ai fait une bonne partie de ma vie professionnelle dans le communautaire et le monde de l’éducation où j’étais «travailleur de corridor». J’intervenais auprès des élèves les plus vulnérables. J’en suis sorti avec une certitude: certains enjeux sociaux ne sont pas des fatalités. L’itinérance n’est pas une fatalité.

Concernant les politiques publiques, en quoi c’est bon de se familiariser avec ce qui se fait ailleurs ?

C’est intéressant d’apprendre des autres pays. Si on voit qu’on a pu faire des choses ailleurs, on l’adaptera à nos villes. Les gens critiquent en disant: « nous ne sommes pas Paris, nous ne sommes pas la Finlande » …

Bien sûr qu’à Helsinki en Finlande, ce n’est pas les mêmes règles, pas les mêmes pouvoirs, pas les mêmes habitudes, mais ils sont quand même partis de 3665 lits d’urgence, dans les refuges dans les années 1970 [pour les placer en logement] à 170 lits d’urgence en 2011. Pour moi ça montre que c’est possible de prendre soin du monde.

Voir ce qui se fait ailleurs, ça permet d’accélérer certains processus comme celui de l’aménagement des rues autour des écoles. Je crois qu’il y a plus de 250 rues à Paris qui ont été aménagées de façon à améliorer la sécurité, soit en empêchant la circulation, soit en créant des aires de jeux, soit en verdissant. Et c’est ce qui va se faire ici. Donc leur exemple aura servi.

Et puis ici aussi il y en a des histoires à succès : l’organisme Porte-clés à Québec a sorti des dizaines de personnes de la rue en créant des ponts avec le logement, la santé mentale, le travail, l’engagement social. Chez nous aussi il y a de bons exemples dont on peut s’inspirer.

En janvier dernier, je me suis rendu à Vancouver: c’est catastrophique ce qu’ils vivent là-bas dans le quartier Downtown Eastside, c’est devenu hors de contrôle.

Je trouve ça facile pour les politiciens d’attendre que le problème s’amplifie, qu’il y ait une plus grande exposition médiatique, parce que ça donne la légitimité pour intervenir. Lorsqu’il y a une crise, c’est facile de débloquer des budgets parce qu’il faut agir avec force. Moi je n’y crois pas. Parce que le jour où on sera rendu là, on va pénaliser tout le monde, on aura attendu trop longtemps. Plus de gens sans-abri, c’est plus de gens dans le besoin.

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 avril 2023. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot.