Vous est-il déjà arrivé de revenir du magasin et de vous demander : « Mais pourquoi j’ai acheté ce truc ? Je n’en ai pas vraiment besoin, et ça ne me rend pas plus heureux ou heureuse. ». Ce vêtement qui va se retrouver dans le fond de la garde-robe, puis ultimement au dépotoir, cet éplucheur de pommes électrique, cet outil qui ne servira qu’une fois, ce bidule inutile «  made in China » acheté au magasin à une piasse… Résultat : de l’argent et de l’énergie gaspillés, de la déception et un environnement encore plus pollué.

Le dossier sur la décroissance dans les pages de cette édition nous invite à réfléchir sur nos comportements de consommateurs, sur les désirs que nous prenons trop souvent pour des besoins. Sur la surproduction et la surconsommation aussi dont les effets pervers font craindre le pire. Le pire étant des désastres environnementaux, dont les plus flagrants sont ces îles de plastique qui étouffent nos océans, ces immenses barges de déchets qui sillonnent nos mers et ces forêts qui disparaissent pour nourrir nos appétits insatiables.

Oxymore quand tu nous tiens

On décortique aussi le sens de l’expression « développement durable », qui s’avère être un oxymore, au même titre que « voiture écoénergétique », « consommation écologique » ou encore « superflu nécessaire ». Des termes contradictoires, mais qui tentent de donner bonne conscience.

On ne désavoue pas les initiatives « vertes » et écoresponsables, mais il ne faut pas tomber dans le piège des mots vides de sens qui donnent l’impression qu’en achetant « vert » on se dédouane de notre consumérisme excessif.

Alors que faire à part de dénoncer des comportements qui font courir l’humanité à sa perte ? Il est facile de critiquer, mais quelles sont les solutions ? Chose certaine, il n’y en a pas une seule, mais plutôt une foule de gestes individuels et collectifs qui font la différence.

Par exemple, on parle dans ce numéro de consommation responsable et mieux réfléchie. Consommer moins et plus intelligemment. Opter pour les commerces « zéro déchets », où l’on peut apporter nos propres contenants. Acheter localement pour éviter la dépense de carburant. Adopter le mode de vie de la simplicité volontaire.

Toute une panoplie de façons de faire et d’expériences que nos interlocuteurs partagent avec nous.

Dites-nous ce que vous en pensez. On aime ça vous lire et connaître vos opinions !

Petit aparté

Lorsqu’on a appris que Denys Arcand avait été influencé par notre camelot Yvon Massicotte et par L’Itinéraire pour son film La chute de l’empire américain (voir les articles en pages 34 à 39), on s’est dit qu’il ne pouvait pas ne pas nous accorder une entrevue ! Il aura toutefois fallu franchir le barrage de son équipe de relations de presse qui avait fermé le robinet des interviews pour permettre au cinéaste de prendre une pause bien méritée. Son agente, Nathalie Goodwin, a bien compris le caractère unique de notre requête. Elle a transmis notre demande à M. Arcand, qui, étant en sabbatique, nous a appelé personnellement pour nous dire : « Rien que pour L’itinéraire, je sors de mon coin du pays pour venir vous voir. » On apprécie, M. Arcand !

À propos de la une

Les magnifiques clichés de Denys Arcand sur la une et dans les pages de cette édition, on les doit au très talentueux photographe David Himbert, qui nous a gracieusement offert son temps et le fruit de son travail. Ce Français d’origine qui a adopté le Québec depuis 1999 se passionne particulièrement pour la politique internationale. Actuellement, il travaille à documenter en images la transition de Cuba de l’ère Castro vers celle de l’économie de marché. Détenteur d’une maîtrise en photographie, David Himbert est représenté par le studio parisien Hans Lucas, partenaire de l’Agence France-Presse (AFP). Honoré par plusieurs prix au cours de sa carrière, il s’est vu décerner, en 2018, la médaille d’argent des prestigieux Prix du magazine canadien, dans la catégorie Photojournalisme et essais photographiques pour son œuvre Les Cubains et l’après-Fidel. Bien que David photographie les plus grands de la planète, il privilégie avant tout les rencontres humaines, qu’il sait si bien rendre en photo. « Je vais parfois servir des repas à la Maison du Père, je peux bien faire des photos pour L’Itinéraire », dit-il tout naturellement pour expliquer son implication bénévole.

davidhimbert.com