Il existe à la STM une équipe qui veille à la protection de l’ensemble des personnes au sein du réseau et assure le bon fonctionnement du service offert. Il s’agit de Sûreté et contrôle. Afin de comprendre les rouages de ce service, L’Itinéraire a rencontré Alain Larivière, surintendant « Sûreté et contrôle » pour le métro.

Il est six heures du matin. Je commence bientôt ma journée de camelot à la station Frontenac. À cette heure matinale, peu de gens se promènent dans le réseau. Mais la population des corridors est déjà diversifiée : certains vont travailler, d’autres flânent avant leurs cours et d’autres encore se promènent sans but précis. À ce moment, la journée ne fait que commencer. Ce n’est qu’un peu plus tard que le métro s’activera réellement et qu’une fourmilière d’individus y circulera.

S’ajoutent aux usagers du métro, des travailleurs de la STM : opérateurs, changeurs, employés de l’entretien, mais également inspecteurs, policiers et intervenants psychosociaux. Tous offrent un service à la population et interagissent avec elle.

Le travail des inspecteurs

En entrevue, Alain Larivière nous parle des inspecteurs de la STM. Surintendant Sûreté et contrôle pour le métro, son rôle consiste à gérer l’ensemble du service, que ce soit au niveau financier, des ressources humaines et du matériel. Côté sûreté, on parle autant de la sécurité des installations, des chantiers industriels, que de l’intervention par rapport aux comportements des gens. Côté contrôle, un volet important du travail des inspecteurs de la STM, il s’agit de prévention des fraudes.

À ce propos, des méthodes de contrôle bien précises existent au sein de la STM. La façon de faire est évolutive. Celle appliquée actuellement a été étudiée et mise au point en collaboration avec la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. « On ne fait pas de profilage social, explique M. Larivière. C’est-à-dire qu’on ne fait pas de distinction entre l’origine ethnique d’une personne, son statut social ou son apparence. S’il y a 800 clients dans un train, on vérifiera les 800 personnes sans distinction. Mais parmi elles, il arrive que des itinérants se fassent interpeller. »

Un fait qui n’inquiète pas tant M. Larivière, car il sait que la STM entretient des relations avec la cour municipale de Montréal autour de programmes spécifiques tels que le PAJIQ (Programme d’accompagnement en justice d’itinérance). « On sait que la personne va peut-être bénéficier d’un de ces programmes. Et on vit très bien avec ça. »

Plus que de simples inspecteurs

On croit souvent à tort que les inspecteurs de la STM ne sont là que pour donner des contraventions. Mais cette part du travail ne représente que 30 % de leur temps.

Alain Larivière précise que ces inspecteurs sont aussi là pour informer les gens, assurer la sécurité sur les quais, mais aussi intervenir auprès des personnes en difficulté. « Dans un cadre de travail de 10 h, environ 25 % sont consacrés au soutien au déplacement, c’est- à-dire de la sécurité sur les quais aux heures de pointe, ajoute-t-il. La moitié du temps est consacrée à la patrouille et aux réponses aux appels des employés, mais aussi de monsieur et madame Tout-le-Monde. »

Pour réaliser tout ce travail d’intervention, la société de transport n’évolue pas en vase clos. En effet, elle est présente sur tous les comités et forums en lien avec les personnes en difficulté des différentes communautés. Elle fait entre autres partie du Plan d’action en itinérance de la Ville de Montréal ; des plateformes de réflexions collaboratives nécessaires, car comme le souligne notre interlocuteur, « la tolérance souhaitée et le côté humain des interventions ne sont pas uniques à la STM. Ça touche plusieurs acteurs et partenaires : que ce soit les parcs, la gare d’autocars de Montréal, la Grande Bibliothèque ou la Place Dupuis, entre autres. »

La STM est aussi membre du comité de Lutte au profilage social et racial de la Ville de Montréal. En ce qui concerne les relations avec les organismes communautaires, elles sont assez sporadiques et principalement établies dans le cadre de projets à plus ou moins long terme.

Soutenir l’intervention sociale

Dans le cadre de leur volet intervention, la STM a créé un lien très serré avec la SDS (Société de développement social), et cela depuis 2012. « C’est un partenariat très important et innovateur », précise M. Larivière. À cet effet, la STM finance l’embauche d’intervenants qui œuvrent dans le réseau du métro et qui font un travail complémentaire à celui des inspecteurs et des 130 policiers du SPVM détachés pour patrouiller dans le réseau de transport. La raison est fort simple pour M. Larivière : « La STM se sent concernée par la présence de personnes vulnérables, ou en situation d’itinérance dans le métro, plus particulièrement l’hiver. »

Concrètement, tout le personnel est susceptible d’intervenir auprès de personnes en situation d’itinérance. On parle de près de 2300 employés que ce soit le changeur, la personne d’entretien, les opérateurs de train.

Les inspecteurs interviennent plus souvent qu’autrement à titre préventif bien qu’ils puissent être amenés à agir d’une manière plus directive souligne Alain Larivière. « Malgré la prévention, certaines personnes récidivent et il peut y avoir une gradation dans les mesures prises pouvant aller jusqu’à l’arrestation. »

Cela dit, ce gestionnaire préconise certaines étapes d’interventions à ses agents : « Aller voir la personne dans le besoin et déterminer l’état dans lequel elle se trouve puis, assurer une intervention sécuritaire. » Si la personne commence à avoir un comportement qui change, ce sont les partenaires les plus compétents qui prennent le relais.

Des formations améliorées

Les aspirants inspecteurs reçoivent une formation initiale à l’École nationale de police du Québec (ENPQ). « Les inspecteurs proviennent de différents milieux et les critères d’embauche sont principalement liés à l’expérience, les niveaux académiques obligatoires et les habiletés interpersonnelles, décrit Alain Larivière. S’ils ont des connaissances en intervention, c’est un plus ».

À l’ENPQ, les inspecteurs suivent alors des séminaires de quatre heures chacun sur les thèmes suivants : l’itinérance, les communautés culturelles, le respect et la prévention du profilage et les clientèles avec des troubles de la santé mentale. Puis il y a la formation pratique en lien avec les profils énumérés et sous forme de scénarios. « Cette année, les inspecteurs embauchés ont eu en plus une formation sur la désescalade ou comment désamorcer les situations de crise. », nous apprend Alain Larivière.

Puis, les inspecteurs ont une probation de six mois. Pendant ce temps, ils seront supervisés et coachés par des pairs.

En somme, c’est tout cela qui se passe au sein du service Contrôle et Sûreté. Le peu que la population voit n’est que la pointe de l’iceberg.