La pandémie et le confinement ont accentué les gestes de violence envers les femmes et leurs enfants, témoigne une intervenante qui travaille depuis près de 30 ans en maison d’hébergement pour les familles dont la vie et la sécurité sont menacées. Non seulement le nombre de meurtres de femmes a explosé au cours des derniers mois, mais les agressions physiques se révèlent de plus en plus violentes.

Au moment de cette entrevue à la mi-septembre, une quinzaine de féminicides avaient été commis au Québec en 2021. Pour toute l’année 2019, on en recensait seulement 13. C’est tout dire. Et l’année n’est pas encore finie.

La recrudescence de cette forme de violence, observable ici comme ailleurs dans le monde, a incité le dictionnaire Le Petit Robert à accepter en 2015 ce nouveau mot formé à partir de la contraction de «femme» et d’«homicide».

Pour des organisations féministes comme le Conseil du statut de la femme, c’est un mot bien choisi pour décrire «le meurtre d’une femme au simple motif qu’elle est une femme».

Parmi les grands médias, le quotidien La Presse se fait plus nuancé et préfère parler de «féminicide présumé». Tant et aussi longtemps qu’il n’y a pas eu procès et condamnation.

Une vague de violence manifeste

Au-delà des querelles de sémantique, «on ne peut nier qu’il y a une hausse de la violence faite aux femmes», affirme Nathalie Villeneuve, coordonnatrice de La Maison Hina (1), à Saint-Jean-sur-Richelieu, un refuge qui accueille chaque année une centaine de femmes accompagnées de leurs enfants.

«Les gestes posés sont de plus en plus violents, dit-elle. Et avec les féminicides, on atteint le summum de la violence. Les hommes décident du sort et de la vie des femmes. C’est l’ultime reprise de contrôle.»

Selon elle, la pandémie et le confinement à la maison imposé pour des raisons sanitaires ne sont pas étrangers à cette poussée de violence. «La pandémie n’a pas créé la violence, mais elle a ajouté un stress supplémentaire. Le confinement de la femme et de l’homme violent, 24 heures par jour à la maison, a été un facteur de risque additionnel qui a favorisé la violence. La femme ne pouvait pas sortir de chez elle ni demander de l’aide