Internet est un formidable outil de partage à l’échelle mondiale. Cependant, son utilisation mène parfois à des atteintes à la vie privée. C’est pourquoi une tournée de sensibilisation à la protection des renseignements personnels et de la vie privée, initiée par le gouvernement du Québec dans les écoles secondaires, vise actuellement à inciter les jeunes internautes à adopter un comportement responsable et sécuritaire sur le Web avec le slogan « Ce que tu publies, penses-y ! »

Gare à vos photographies de nus

Des exemples de vie privée bafouée? « Lors de querelles familiales, les gens se chicanent et révèlent des informations intimes sur les réseaux sociaux. Il y a aussi le revenge porn qui se produit lorsqu’une personne publie une image d’intimité sur internet après une rupture amoureuse. Dans certains cas ça peut être considéré comme un acte criminel », avertit Pierre Trudel,professeur de droit du cyberespace et de droit de l’information à l’Université de Montréal.Le revenge porn – vengeance pornographique – est un contenu sexuellement explicite qui est publiquement partagé en ligne sans le consentement de la ou des personnes apparaissant sur le contenu, dans le but d’en faire une forme de « vengeance » et d’embarrasser la personne concernée.

Des voleurs vous épient

« La géolocalisation est aussi un problème ; quand on active cette fonction on laisse les gens savoir où nous nous situons. Cela peut avoir des conséquences fâcheuses, comme inciter les voleurs lorsque nous sommes à l’extérieur de la maison. Des cas ont été rapportés, ça peut arriver », s’inquiète-t-il.

Pour sa part, Stéphanie Vallée, ministre de la Justice, salue cette initiative préventive permettant de renseigner les étudiants qui pullulent sur les réseaux sociaux et qui ne font pas attention à la quantité effrénée d’informations personnelles qu’ils y laissent de façon permanente. « Je crois important de sensibiliser les jeunes aux questions de vol d’identité et d’hameçonnage. Ce qui se passe sur le Web a des conséquences dans la vie réelle. Tout ce qui se passe devant un écran donne une impression de solitude et de protection. Il ne faut pas oublier qu’internet est public et permanent : ce qui est écrit reste, même si vous le supprimez. Il est donc important pour tous d’adopter un comportement sécuritaire et responsable dans les cyberespaces », dit-elle par voie de communiqué.

Le responsable c’est….

L’expert en droit du cyberespace, Pierre Trudel, poursuit : « il y a des risques à aller sur les réseaux sociaux; c’est comme traverser la rue, il faut être vigilant. Les employeurs font également des vérifications sur ces sites, mais il y a dorénavant des lois qui limitent cette pratique, notamment en Californie, précise-t-il. Nos publications sont partagées par d’autres en ligne alors c’est très facile de multiplier la diffusion. La solution c’est d’être conscient des risques de ce qu’on ne souhaiterait pas répandre. Il faut faire la configuration de notre compte afin de partager seulement avec nos proches. Dans un univers comme celui-là, la responsabilité de protéger notre vie privée repose sur nous-même; nous sommes les seules personnes à assumer les publications de ce que nous ne voudrions pas voir circuler sur les réseaux sociaux. »

Le prix à payer

« Si l’on n’a pas à débourser d’argent pour utiliser les applications de tous les jours, comme Facebook, Snapchat ou Instagram, puisqu’elles sont gratuites, il y a quand même un prix à payer : celui des renseignements personnels. Les applications mémorisent nos habitudes, nos préférences et nos renseignements personnels pour nous proposer un contenu personnalisé. Ça peut être intéressant pour un manteau ou un jeu, mais beaucoup moins lorsqu’il est question d’opinions politiques ou d’information »

« Facebook est une expérience entièrement personnalisable, indique Kevin Chan, directeur des politiques publiques pour Facebook Canada en entrevue à Radio-Canada. Un contenu mal adapté aux besoins et intérêts d’un utilisateur n’est bon ni pour lui, ni pour le client, ni pour Facebook ». La publicité qui s’affiche sur notre profil est également ciblée de la même manière que le contenu que nous diffusons.

« Au regard de la loi, Facebook n’est pas considéré comme un média d’information assumant la pleine responsabilité des contenus se retrouvant dans ses pages. Ce sont les usagers, libres de partager des images en ligne, qui sont a priori responsables, remarque Pierre Trudel dans un article du Devoir. En Europe, on priorise la « vie privée » sur le droit à l’information alors qu’aux États-Unis, c’est l’indécence qui obsède ! »

Protéger la vie privée sur internet

1. Les renseignements ne sont pas banals

Des renseignements anodins tels que le nom de notre mère, la ville où nous sommes nés ou bien notre date de naissance, peuvent être utilisés par une personne mal intentionnée. Ainsi ces renseignements pourraient permettre à une personne de retracer nos mots de passe et d’accéder à nos comptes sur internet. Ils sont aussi d’une grande valeur pour les entreprises qui veulent connaître nos habitudes et intérêts afin de cibler des publicités personnalisées.

2. Des écrits qui restent

Retirer de l’information déjà publiée peut s’avérer périlleux pour l’internaute car il ne suffit que d’un « clic » pour mettre en ligne une publication ou une photo, alors que ce que l’on a supprimé voyage à travers les partages encore en ligne. Les publications doivent alors être destinées pour des « amis » tels que les parents, les enseignants ou le futur employeur. Ainsi aucune publication ne nous rendra mal à l’aise.

3. La vie privée des amis

Il faut faire attention aux informations que l’on partage sur la vie privée des autres. Elles leur appartiennent. Dans le monde virtuel, la protection de la vie privée est de toute évidence plus difficile si on révèle fréquemment des renseignements personnels.

SOURCE : Éducaloi

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