Charles Aznavour chantait en 1960 sa vision romantique de La nuit

[…] Comme une nappe de velours Plane et s’étire sur les toits Laissant les amoureux pantois Devant la triste mort des jours

Et puis

Dans le bruit qui soudain s’élève Au fond des cœurs et des ruelles Elle répand des étincelles
Qui montrent le chemin du rêve

Boris Vian, lui, la préférait au jour lorsqu’il chantait dans la Valse jaune: Ilyadusoleildanslarue
Moi j’aime bien la rue mais quand elle s’endort Et j’attends que le jour soit mort

Et je vais rêver sur les trottoirs

 

La nuit a toujours éveillé la poésie, l’inspiration et la créativité chez les artistes. Alors que c’est une tout autre réalité pour ceux et celles qui travaillent les shifts de nuit. Pour les travailleurs du sexe, la nuit est une période faste, mais aussi celle de tous les dangers. Les fêtards quant à eux se dépêchent de trinquer avant que soit lancé le dernier last call pour ensuite déferler bruyamment dans la rue à la fermeture des bars. Au grand dam de la partie diurne de la population.

Puis, aux petites heures, tout ralentit, le pouls de la ville bat plus lentement pendant que la cité sommeille.

Changer de rythme

Mais il y a certaines personnes qui voudraient que la nuit ait autant droit de cité que le jour. Que, à l’instar de grandes villes du monde comme New York, the city that never sleeps, les activités se poursuivent peu importe l’heure. Pour qui a déjà visité la Grosse Pomme, surtout ses quartiers plus achalandés, le niveau de décibels ne fléchit à peu près pas quand la lune est à son apogée. Les New-yorkais vivent avec.

Certains croient qu’avec une bonne concertation et une planification bien organisée, à Montréal, la nuit pourrait coexister avec les gens qui se lèvent avec le jour.

Pour ce faire, il faudrait songer à rendre la nuit plus accessible en augmentant les transports en commun et les services municipaux pour les travailleurs des hôpitaux, des usines, les lieux de travail 24 / 24.

Et puis, en créant des conditions qui favorisent l’appropriation de la nuit par un plus grand nombre de personnes, ne se créerait-il pas un plus grand sentiment de sécurité? Surtout chez les femmes et les personnes en situation d’itinérance ?

Notre journaliste Karine Bénézet a sondé les opinions d’une diversité de gens qui sont pour et contre. Et vous, qu’en pensez-vous ?