André Forcier est un bourreau du travail. Sa longévité est exceptionnelle. À 72 ans, il présente cet automne son quinzième long métrage : Les fleurs oubliées. Il est pour certains l’enfant terrible du cinéma québécois. Parmi ses films les plus célèbres, nommons Le vent du Wyoming, Coteau rouge et Une histoire inventée. Nous l’avons rencontré en prévision de la sortie en salle de son dernier né.

Le lieu est serein dans ce coin du Vieux-Longueuil. Les rues portent des noms d’oiseaux ; le tumulte de la métropole est déjà loin. En ce jour ensoleillé, André Forcier nous reçoit dans son jardin. La conversation est à peine entamée que le cinéaste s’attaque à la gentrification de son quartier. Une ouverture prometteuse pour une rencontre qu’on appréhendait, mais dont l’accueil s’avère finalement franchement chaleureux.

Le cinéaste jouit d’une grande aura au Québec. Il a une longue carrière cinématographique à son actif et plusieurs acteurs lui vouent une déférence digne d’un grand maître. Par conséquent, l’interviewer n’est pas une mince tâche pour un « journaliste », de surcroit d’extraction immigrante. L’auteur de ces lignes avait le trac à l’idée de débattre avec ce monument de la culture québécoise, au point d’oublier qu’il est lui-même un Québécois.

Une histoire de famille

La famille d’André Forcier fonctionne aussi comme une entreprise cinématographique. Tous ont un rôle à jouer. Les fils ont participé à l’écriture du scénario des Fleurs oubliées et l’un des deux a également fait la musique. Et, ce n’est pas la première fois qu’ils collaborent à l’une des productions de leur père. Même sa petite-fille, une jolie blondinette d’à peine quelques mois, a droit à un caméo dans le film. Une chose est certaine, tout ce beau monde est le bénéficiaire bienheureux des conseils judicieux et des enseignements précieux du « patriarche ».

Le meilleur acteur au Québec

Depuis Les États-Unis d’Albert, André Forcier écrit des rôles sur mesure pour Roy Dupuis, construisant les autres personnages autour de son acteur fétiche. Selon ce principe, le cinéaste a imaginé un Marie-Victorin ressuscité, incarné par Yves Jacques, « qui revient sur Terre, parce qu’il s’ennuyait au ciel ». L’objectif était d’en faire l’alter ego d’Albert Payette, le vendeur d’hydromel entretenant des fleurs dont on ne s’occupe plus et qui est interprété par Roy Dupuis dans Les fleurs oubliées.

Lorsqu’on demande à André Forcier pourquoi Roy Dupuis est depuis 15 ans son acteur fétiche, il répond simplement : « Parce que c’est le meilleur acteur au Québec ». Le cinéaste souligne également qu’il adhère aux préoccupations écologiques de l’acteur, ce qui explique les thèmes abordés dans Les fleurs oubliées.