Treize ans et déjà très engagé

À 13 ans, Gaïa Chagnon n’est pas un jeune adolescent comme les autres. Il a récolté des milliers de dollars pour aider les Massaïs en Afrique. Présentement, il mène une levée de fonds pour les personnes sans-abri de la région de Val-David, dans les Laurentides. L’Itinéraire l’a reçu peu avant Noël.

Depuis l’âge de six ans, Gaïa ramasse de l’argent pour diverses causes. Maintenant jeune adolescent, son nouveau projet est d’aider les personnes itinérantes. À l’école, il était victime d’intimidation, donc il sait ce que c’est de se sentir exclu. Puisque ses résultats scolaires chutaient, ses parents ont décidé qu’il poursuivrait son éducation à la maison. Ses notes se sont grandement améliorées.

Gaïa aimerait que les établissements scolaires incitent davantage leurs étudiants à s’impliquer dans des causes sociales. « Les enfants d’aujourd’hui apprennent les mathématiques, le français, mais ce n’est pas la vraie vie. Comme aider les sans-abri, par exemple. Ce serait bien que chaque école ait comme projet d’aider une cause en impliquant les élèves. L’intimidation et le racisme pourraient ainsi diminuer, chacun voyant le talent et l’utilité de l’autre. »

La gloire et l’argent ne sont pas les raisons de sa motivation à aider son prochain. « Je le fais pour repousser mes limites et comme accomplissement personnel », dit-il. Il souhaite que la génération des jeunes de son âge soit moins préoccupée par le désir matériel et choisisse de s’engager envers une bonne cause.

Photo : Mario Alberto Reyes Zamora

Un jeune entrepreneur philanthrope

Dans le but d’aider les personnes itinérantes, Gaïa récolte actuellement des fonds en vendant des bonbons en sucre d’orge et des truffes qu’il a lui-même cuisinés. Il vend aussi des « libellules » faites à la main provenant du Vietnam. Elles sont faites en bois de bambou et tiennent en équilibre, toutes seules, sur le bout du nez. Pour lui, cet insecte est symbolique : « La libellule sait bien manier ses émotions et je constate que beaucoup de sans-abri ne savent pas faire cela. »

Il n’en est pas à sa première levée de fonds. Auparavant, il a amassé plusieurs centaines de dollars pour une femme, mère adoptive de plusieurs orphelins, afin de rendre leur période des Fêtes plus joyeuse. « On lui a donné pour environ trois mois de nourriture, raconte-t-il. Il y avait une grosse dinde pour qu’elle passe un beau Noël. Un père Noël a distribué les jouets, venant de dons, aux enfants. La dame pleurait de joie », ajoute-t-il, touché par le moment de bonheur de cette famille.

Gaïa a aussi fait de l’aide humanitaire, avec ses parents, au Kenya. Il a aidé financièrement les Massaïs. Il a financé deux projets par la vente de pierres, de kombucha et de roues de médecine. Le kombucha est un thé fermenté qui contient des bactéries venant de champignons comestibles bons pour la santé. C’est une des meilleures alternatives aux boissons gazéifiées.
La roue de médecine est divisée en quatre points cardinaux et elle est d’origine autochtone. Elle aide à guider les gens dans leurs projets. « C’est important de respecter les étapes de la roue, lorsque votre projet est terminé, le Nord signifie que vous devez vous reposer. Ceux qui ne le font pas risquent un burnout. »

Gaïa ne garde aucun argent pour lui; cent pourcent de ses profits vont aux personnes dans le besoin.

De l’eau pour les Massaïs

Gaïa a aussi amassé près de 20 000 $ pour les Massaïs du Kenya, en Afrique de l’Est. Il souhaitait leur construire un puits, mais il n’avait pas tous les fonds nécessaires. « Construire un puits peut coûter jusqu’à 45 000 $. J’ai donc donné ce que j’avais à la fondation Ryan’s Well qui fait des récupérateurs d’eau provenant de la mousson et qui la filtre pour que ça soit potable. » Cette fondation, créée par un jeune Canadien lorsqu’il avait six ans, aide les pays sous-développés à avoir accès à de l’eau potable.

Gaïa a aussi fait en sorte que vingt garçons et filles Massaïs puissent être éduqués. « Avec chaque 50 $, on peut fournir l’éducation à un Massaï, explique-t-il. C’est pour payer l’uniforme, parce que sans cela, ils n’ont pas le droit d’aller à l’école. » L’éducation sert aussi à éviter l’excision de nombreuse jeunes filles, une pratique courante en Afrique. Sa famille a déjà hébergé une femme Massaï pour lui faire découvrir le monde occidental. « Elle n’avait jamais vu un bol de toilette, ni de lessiveuse, raconte-t-il. Ce fut un choc pour elle. »

Rencontre avec les personnes itinérantes

Récemment Gaïa a rencontré cinq sans-abri et a discuté avec eux pour évaluer leurs besoins. Il les a invités à prendre un café. Il voulait en apprendre plus sur eux, et connaître les raisons pour lesquelles ils se sont retrouvés à la rue. « Il y en a un qui était professeur et qui voulait une coupe de cheveux pour se trouver un emploi, dit-il. Il voulait devenir cuisinier. » Gaïa a aussi rencontré un itinérant qui allait pieds nus en plein hiver. Cela l’a rendu triste et inquiet. Avec sa grand-mère, il a insisté pour que l’homme se rende à l’hôpital pour éviter les risques d’engelures et d’amputation.

Gaïa remarque qu’il existe encore beaucoup de préjugés envers les personnes de la rue. Par exemple, certains croient qu’ils ont choisi d’être itinérants. Cela fâche Gaïa. « Sérieusement, croyez-vous vraiment qu’ils veulent vivre dans ces conditions absolument abominables et intenables en faisant une croix sur une vie normale ? »

Gaïa dit avoir appris beaucoup de choses en parlant aux itinérants. Ils ont besoin de choses simples, explique-t-il, des produits d’hygiène, des vêtements chauds, de quoi se nourrir, de revoir leur famille, mais surtout, recevoir du soutien. « Ils demandent simplement d’avoir de l’attention, ne serait-ce qu’un sourire, ce qu’on leur fait rarement », ajoute-t-il.

Notre bienfaiteur a déjà récolté 500 $ en deux semaines. Gaïa espère amasser un plus gros montant. « Mon défi est d’avoir 3000 $ pour dix itinérants. Leurs besoins sont énormes, cela va du sac de couchage, aux coton-tiges et au désinfectant pour les infections. »

Jusqu’à maintenant l’adolescent a donné six grosses boites de coton-tiges à La Maison du Père. Il accepte aussi les dons en vêtements pour les aider à affronter l’hiver.

Gaïa est très inspirant. Il nous pousse à donner au suivant. Un brillant avenir l’attend assurément !

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