Ce jour-là, je surveillais l’arrivée de la pdg d’Hydro-Québec qui devait débarquer dans nos locaux à 14 h 30. Elle venait rencontrer l’équipe de L’Itinéraire, puis accorder la première entrevue à vie à notre camelot-rédactrice, Agathe Melançon.

Il était 14 h 25 lorsque j’ai entendu Diane, l’une de nos camelots, qui donne un coup de main au Café de L’Itinéraire, me lancer du bas de l’escalier dans sa tonitruance caractéristique : « Joséééé ! La madame est arrivééééée ! » Au diable le protocole.

En descendant l’escalier, je m’apprêtais à m’excuser pour l’accueil un peu bancal auprès de la grande patronne d’Hydro, sûrement accompagnée de sa garde rapprochée ; porte-parole, garde du corps ou autres. Plutôt, j’ai eu l’agréable surprise de voir Sophie Brochu, toute seule au milieu du Café, vêtue d’un jeans et d’un gros pull en laine, le sourire aux lèvres.

Sophie u2014 parce qu’il a été établi d’emblée que l’on sursoyait au vouvoiement u2014 s’est présentée avec une simplicité désarmante. Elle connaissait déjà bien L’Itinéraire et sa mission depuis de nombreuses années, tout comme la réalité des personnes vulnérables et marginalisées, puisqu’elle s’est longtemps impliquée auprès de La Rue des femmes qui vient en aide aux femmes sans-abri.

Avec Agathe, elle s’est intéressée à la personne qui se trouvait devant elle et l’a traitée avec les mêmes égards que pour tout autre journaliste professionnel. Encore là, ça se sent quand quelqu’un n’est pas « vraie » ou « en met trop ». Ce n’était pas le cas de Sophie Brochu. D’entrée de jeu, l’interviewée a demandé à l’intervieweuse de parler d’elle-même, elle voulait connaître son histoire. Agathe, peu habituée à ce genre d’attention lui a parlé de son amour pour l’écriture, la poésie, de son intérêt pour le journalisme, et combien elle avait aimé faire de la recherche pour cette entrevue.

Aux questions bien fouillées et non complaisantes, la présidente d’Hydro a répondu avec aplomb et franchise, tout en prenant soin d’engager son interlocutrice dans cet échange très enrichissant. D’ailleurs, l’une des questions posées pouvait être interprétée à deux niveaux. Sophie a alors demandé à Agathe comment elle devait y répondre. Cette dernière lui a dit : « Réponds avec ton cœur ». C’est pas mal ce qu’elle a fait tout au long de l’heure qu’elle a passée en notre compagnie.

Quelques jours plus tard, Agathe a eu le plaisir de recevoir de beaux cahiers et des crayons de qualité pour qu’elle puisse y consigner ses poèmes et ses écritures. Une belle attention de Sophie.

Enfin, comme base à cette entrevue et ce qui constitue le dossier principal de cette édition, nous soulignons les 50 ans de la Baie-James. Notre journaliste Laurent Soumis retrace les origines du plus grand projet hydroélectrique jamais conçu au Québec, de même que toutes les phases de sa réalisation. Un travail colossal de collectes de photos et de faits qui met en valeur les grands acteurs du projet, de Robert Bourassa et Billy Diamond en passant par Ted Moses et Bernard Landry, entre autres. Un survol fascinant ! D’ailleurs nous tenons à remercier Francis Labbé, aux affaires publiques chez Hydro-Québec qui n’a pas ménagé ses efforts pour assister Laurent dans ses recherches de même qu’Éric Hamel, un vrai hydro-québécois, installé à Radisson depuis toujours, qui a servi de guide à notre journaliste.