Pour la 2e année consécutive, les salariés du Groupe communautaire L’Itinéraire sont jumelés avec un ou une camelot pour une journée. L’occasion de créer des liens et de s’essayer à la vente du magazine.

« Bonne vente à toutes et à tous! ». Ce matin, le Café Monsieur Paul est inhabituellement achalandé. Une vingtaine de personnes est présente pour une occasion bien particulière. Le lundi 15 avril, les employés de L’Itinéraire se mettent dans la peau d’un camelot. Ils les accompagnent pour vendre l’édition spéciale du magazine Tracés littéraires, comprendre un peu plus leur réalité, apprendre à les connaître ou profiter de la compagnie d’un ou d’une amie.

Duos aléatoires

Les binômes sont tirés au sort. Mélanie, camelot, est jumelée avec Mario, employé à la cuisine. La première ouvre un large sac à dos, décoré de fleurs roses et blanches et y glisse cinq revues de L’Itinéraire. Elle empoigne son café au lait et pousse la porte de sortie, suivie de près par son coéquipier. « Ça va bien marcher, ça je peux te l’assurer », lance-t-elle, tout sourire. Il faut dire que Mélanie « adore vendre le journal », comme elle le confie. En général, elle se place à l’un de ses deux points de vente à Verdun, souvent « contre le mur » du IGA, « là où le monde nous voit bien ». Parfois, Mélanie est présente dès « sept ou huit heures du matin ».

Camelot de L'Itinéraire

Photo: Jean Rémond

Pour s’y rendre depuis L’Itinéraire, il faut prendre le métro de la station Papineau jusqu’à Verdun, et « descendre une petite rue », explique celle qui connaît bien les lieux. Elle est à L’Itinéraire depuis quatre ans. Tout en ouvrant les portes du métro, repoussée par un appel d’air habituel, Mélanie explique avoir entendu parler du magazine « par un ami qui y travaillait, alors qu’[elle] habitait aux résidences Boivin, une ressource en santé mentale ». Curieuse, elle a fait « quatre heures de marche en plein mois de février pour rendre visite à l’équipe ». Aujourd’hui, Mélanie est plus proche de l’organisme, car elle est logée en HLM. Même si elle connaît quelques difficultés avec le voisinage, elle est reconnaissante « d’avoir un toit au-dessus de la tête et de vivre avec [son] bébé chat, Coconut ».

 « Bonjour, L’Itinéraire! »

Mario qui vends L'Itinéraire

Photo: Jean Rémond

Mario, lui, est à L’Itinéraire depuis « plus de 10 ans », selon ses mots. Il a déjà vendu le magazine pendant quelque temps et a fait de la photo pendant trois ans pour la salle de rédaction avant d’être employé en cuisine. Mario aime lire les nouvelles et est l’heureux gestionnaire d’une petite dizaine de comptes Facebook. « J’en tiens sur le Mexique, sur l’environnement, le cinéma, les activités culturelles gratuites au Québec… Ça demande du temps et de l’investissement mais j’aime ça », assure-t-il en arrivant devant son point de vente. Il retire son ciré jaune et prend une édition de L’Itinéaire dans une main, aux côtés de sa coéquipière.

« Bonjour, L’Itinéraire ! Édition spéciale pour le 30e anniversaire, et pour une bonne cause! », commence Mélanie avec énergie. On ne peut pas la louper. Elle brandit fièrement la revue et n’arrête jamais son moulin à paroles… À quelques exceptions près. Quand il n’y a personne, « pour ne pas user inutilement ma voix », et quand elle vend un exemplaire. Alors,  en attendant de futurs acheteurs, elle l’annonce de plus belle : « Bonjour, L’Itinéraire…», toujours en glissant un “merci et bonne journée”, comme pour s’adresser à l’ensemble des passants. 

 « Rencontrer du monde »

Son timbre de voix est musical. « Le secret? Je suis passionnée de musique country et j’en chantais il y a quelques années », révèle-t-elle, avant de se faire interpeller par un homme. « Je vais vous prendre une copie, un auteur que j’apprécie a écrit dedans », s’enthousiasme-t-il. Viendront ensuite d’autres curieux et curieuses, des habitués venus faire la discussion, des personnes âgées, d’autres biens plus jeunes, seuls, en couple ou accompagnés d’un animal de compagnie.