Traîner sa maladie mentale

Je veux vous parler de quelque chose d’important dans ma vie que je traîne avec moi depuis ma tendre enfance: ma maladie mentale. Depuis que je suis jeune, j’ai souvenir d’aller voir un psychiatre quand j’étais malade à la petite maison rouge, tout juste à côté du centre psychiatrique AlbertPrévost. J’y ai été internée durant mon adolescence, au premier étage. J’étais toute seule dans mon coin et je pleurais souvent isolée dans ma chambre. Les gens ne m’aimaient pas et je n’aimais pas les gens.

Quand on est diagnostiquée schizophrène et maniaco-dépressive, comme moi, on perd les notions de la réalité et de la raison. On s’imagine plein de choses dans notre tête. On est dans un autre univers, un autre monde complètement. Lors de ces épisodes, j’entends des voix dans ma tête qui me parlent toujours en mal. Évidemment, je prends des médicaments pour contrôler ma paranoïa, ça m’aide à rendre ma vie moins lourde.

C’est un combat de tous les jours. Parfois, je n’aime mieux pas y penser et perdre la face en le disant aux autres. Je me trouve folle des fois, je ne veux pas qu’on lise dans ma tête, comme le fait le psychiatre (rires). J’ai l’impression aussi qu’il n’arrête pas de me donner des médicaments pour patcher mon problème à la place de le travailler. Je lui fais confiance, malgré tout.

Je vous souhaite à toutes et tous d’être bien dans votre tête, dans votre corps, et de demander de l’aide si vous en avez besoin. Demandez à n’importe qui proche de vous qui vous comprend et avec qui vous vous sentez en sécurité.

Je vis avec un problème de santé mentale depuis ma tendre enfance. C’est la vie. On en a juste une. Vivez-la à fond comme vous le pouvez.

– Suzanne Leblanc, camelot SAQ / Crémazie Est

Le crochet, une méditation

Depuis quelques années, je tente de m’adapter dans le monde avec mon trouble de la personnalité limite. J’apprends à enchaîner mes idées pour avoir une suite logique dans mes pensées. Tout ça pour arrêter de me sentir toute mêlée comme une boule de laine.

Pour moi le crochet est devenu ma forme de méditation. On commence par un nœud coulissant qui m’aide à laisser aller mes pensées et me permet de prioriser tout ce qui me tracasse et dont je dois m’occuper. Tous mes problèmes du jour, tel que mon stress, s’en vont. Ça calme mes nerfs pis ça met les points sur les i (pis les barres sur les t).

En faisant une chaîne de mailles avec l’aiguille de crochet, la longueur désirée, j’imagine que je place et range tout ce qui s’entremêle dans ma vie. À partir de chaque rangée, je cherche une solution à ce qui me trouble. C’est comme une métaphore de la vie. Si je ne trouve pas de solution, c’est pas grave! Je travaille le projet en attendant patiemment le résultat. Il ne faut pas lâcher. Une fois mon tricot terminé, je sais que c’est une réussite, peu importe. Je me gâte en choisissant une ou un heureux élu qui va en profiter. C’est peut-être toi le prochain.

– Lynn Champagne, camelot PJC – Verdun / 6e avenue

Appréciations de nos clients

Je remarque, dans notre rubrique Mots de camelots, que nombre de camelots utilisent cette tribune pour faire des remerciements à leurs lecteurs. C’est très bien. Mais ici, je voudrais parler de ce qui m’a été permis de percevoir comme appréciation chez plusieurs d’entre eux. Vous me permettrez d’en citer quelques-un.e.s:

Cette dame que je voyais chaque matin dans le métro qui, un jour, s’arrêta simplement pour me dire que j’étais toujours son premier sourire du matin. Ou ce monsieur qui, ce jour-là, était sans-le-sou et à qui j’ai remis une copie gratuite du magazine. Plusieurs semaines plus tard — je l’avais oublié — il revint pour me remercier de la copie donnée dans laquelle il avait aperçu une photo de sa fille qu’il n’avait pas vue depuis plusieurs années. Il m’a dit qu’il venait de reprendre contact avec elle.

Il y a aussi ces lecteurs et lectrices qui prennent le temps de s’arrêter pour émettre un commentaire sur un livre ou une opinion que j’ai partagée dans une de mes publications, notamment dans ma chronique mensuelle Mieux vaut en lire.

Il faut remercier ces gens-là. Comme cette lectrice de l’Alberta qui m’a envoyé, via la rédaction, un petit mot gentil (et un tout aussi gentil chèque). Ou cet autre homme, accompagné de son fils adolescent à qui il voulait faire prendre conscience de notre réalité, qui m’a remis une centaine de dollars d’épicerie.

J’estime qu’on apporte quelque chose à toutes personnes et l’appréciation dont elles nous font part fait également partie de notre quotidien. Il faut en tenir compte dans nos rencontres (et nos écrits).

– Roger Perrault, camelot SAQ ateliers Angus

Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 mars 2023. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot.