C’est un fait : les femmes nous nourrissent depuis notre naissance. Dans bien des familles, c’est elles qui transmettent des recettes précieuses reproduites de génération en génération. On pourrait donc penser, à juste titre, que si la cuisine domestique est la leur, la professionnelle l’est tout autant.

Pourtant, dans les médias comme sur les podiums des concours culinaires, les hommes sont plus présents et possèdent d’ailleurs plus d’étoiles. Moins de 5% des chefs étoilés Michelin (France) sont des femmes. Et s’il existait un tel guide de renommée mondiale au Québec, sauriez-vous qui nommer ?

à l’occasion du mois de la nutrition et en écho à la Journée internationale des femmes du 8 mars, nous vous présentons des femmes cheffes qui cadrent avec la mission de L’Itinéraire : Kimberly Lallouz, Caroline Langlois-Parisé et Laurence Lavoie-Tremblay. En plus de se raconter, ces trois femmes ont relevé notre défi culinaire en vous proposant des recettes équilibrées et saines, réalisées avec les ingrédients d’un panier de Moisson Montréal, le même que nos camelots reçoivent chaque semaine.

Pour l’amour de la cuisine

Voilà quasiment 10 ans que Caroline Langlois-Parisé, 28 ans, est dans le domaine. Partie de sa Gaspésie natale, elle a fait ses études à Rimouski en technique de diététique puis en nutrition. À Québec, elle étudie à l’École hôtelière de la Capitale, puis suit une formation horticole qui, bien qu’inachevée, l’inspire au quotidien.

Elle travaille ensuite dans les cuisines de Boulay et de l’Aviatic Club (aujourd’hui fermé) et devient juge pour les Saveurs du Canada, un concours national sur les auteurs de livres de cuisine. Quand elle rejoint la Tablée, elle donne d’abord des cours de cuisine dans des centres jeunesse, des écoles primaires et secondaires ou des camps culinaires.

Le truc de Caroline, c’est la cuisine institutionnelle, une cuisine de production qui se fait surtout dans des garderies, des résidences pour personnes âgées, des hôpitaux ou des usines. Une cuisine qui nécessite, à son sens, moins de finesse, mais dont le défi ultime est de produire des portions généreuses en grande quantité.

Cuisines sexistes?

Dans chacune des cuisines fréquentées, la proportion de femmes variait. En nutrition ou en garderie, le féminin l’emportait tandis que dans les résidences pour personnes âgées, en restaurant ou dans les usines, c’était l’inverse. Tout comme Caroline, Laurence Lavoie-Tremblay, 35 ans, cumule 10 années divisées entre une formation à l’ITHQ et des expériences diverses dans les cafétérias d’université, garderies ou restaurants gastronomiques.

Curieuse, elle a longtemps cherché le sens social de son métier. Passionnée par la photo, elle s’implique auprès des jeunes pour les aider à avoir une meilleure alimentation et de saines habitudes de vie. «Le métier de cheffe a une grande part de responsabilités et il y a beaucoup de rôles à assumer tant dans la gestion des employés, du stock, de l’approvisionnement que de la créativité », explique-t-elle.

Quand Laurence a eu sa fille, elle s’est questionnée sur ses choix de carrière. à l’époque, elle travaillait pour un service de traiteur avec beaucoup d’heures le jour et n’avait pas vraiment de flexibilité. Puis elle est arrivée à la Tablée des chefs avec un horaire plus stable. Avoir une famille l’a forcée à se recentrer sur ce qu’elle considérait comme essentiel.

Selon Laurence, il y a en cuisine une longue tradition militaire qui se retrouve dans le langage utilisé comme dans la hiérarchie socialement acceptée. Ce contexte, d’héritage français, aurait mené à des pratiques qui, au Québec, se verraient plus dans l’ambiance de travail.

 


Une cheffe déterminée à réussir

Imagination, achat local et accessibilité sont sa signature. Entrepreneure et cheffe professionnelle, Kimberly Lallouz ne manquait pas de projets avant la pandémie. Citée comme l’une des personnalités culinaires Instagram 2020 à suivre, sa cuisine s’inspire de ses voyages et mélange les traditions au goût du jour.

Miss Prêt-à-manger est son premier restaurant à Montréal. Par la suite, elle ouvre le Speakeasy Henhen, Monsieur Restaurant + Bar, la Petite Miss & Miss Tennis et le Bird Bar.

Engagée dans sa communauté, on la découvre d’abord dans Les garden-partys de Kimberly (Zeste.TV) et plus récemment, dans 5 chefs dans ma cuisine avec Marina Orsini (ICI TOU.TV). Active au sein de l’association Les Femmes Chefs de Montréal, qui apporte du soutien aux jeunes femmes cheffes qui commencent dans le milieu, elle est aussi à l’origine de plusieurs autres initiatives sans but lucratif qu’elle fait en toute discrétion.

Ton parcours n’est pas linéaire. Peux-tu nous faire une petite synthèse?

J’ai d’abord étudié en journalisme et en marketing puis en mode. Quand j’étais jeune, ma famille a déménagé en Espagne et j’ai eu de la difficulté à m’adapter. Dès que j’ai pu voyager, c’est ce que j’ai fait jusqu’à mes 25 ans. à mes 18 ans, j’étais en Israël où j’ai eu un véritable déclic. En revenant à Montréal, j’ai continué dans le domaine de la mode et sans même terminer mes études, je me suis retrouvée avec une carrière de vice-présidente des ventes et du design. Mon rythme de vie était fou, je voyageais deux semaines par mois. Et puis, j’ai appris une grande leçon de vie après avoir tout perdu. Je me suis retrouvée sans la job dans laquelle je m’étais investie pendant de longues années. J’ai dû me remettre en question. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de ne plus être une employée et d’aller vers l’entrepreneuriat. La seule chose que je savais bien faire, c’était la cuisine. Et même si je ne connaissais pas vraiment le milieu de la restauration et que je n’avais jamais cuisiné pour plus de 10 à 15 personnes, je n’étais plus heureuse dans le domaine de la mode.