On l’engrange ou il nous coule entre les doigts. Il brûle le fond de nos poches, ou il constitue notre pactole. On le vénère ou on l’accuse d’être à la source de tous les maux. Chose certaine, l’argent a un effet, ou une emprise sur la vie de pas mal tous les êtres humains.

Dans ce numéro, on voit comment l’argent a évolué depuis que les fintechs prennent davantage de place dans notre économie. Les espèces de nos jours sont de moins en moins sonnantes et trébuchantes. Au Canada, nous sommes parmi les sociétés où l’utilisation de l’argent liquide est en plus forte diminution.

Fric virtuel

Il y a aussi la Suède où l’argent comptant est refusé dans un nombre croissant de commerces, au point où il n’est utilisé que dans 2 % des transactions. Une nouvelle tendance dans ce pays scandinave : l’implantation d’une puce électronique dans la main pour déverrouiller sa porte, présenter son billet de train ou avoir accès à son gym. Un jour sans doute, on pourra payer du revers de la main ? En tout cas, on n’aura plus à se demander où on a rangé notre argent, en plus de rendre bien difficile la perte ou le vol du portefeuille.

Il faut noter que, en matière de paiements mobiles, c’est l’Afrique qui a une longueur d’avance. Selon les derniers chiffres de la GMSA, le réseau mondial d’opérateurs de téléphonie mobile, quelque 339 millions d’Africains (surtout sub-sahariens) effectuent leurs transactions avec leur cellulaire, bien que la majorité n’a pas de compte en banque.

Jamais sans mon argent !

Qu’il soit liquide, comptant, en papier, en pièces ou virtuel le monde ne pourrait se passer d’argent. Bien sûr, certaines personnes ont déjà tenté l’expérience, comme Gabriel Luneau Hachey, ce jeune homme de Val d’Or qui, en 2015, a choisi un mode de vie basé uniquement sur l’échange de services et qui s’alimentait de ce qui lui tombait sous la main. On aurait bien aimé l’interviewer, mais on a perdu sa trace depuis l’an dernier.

À moins d’être un moine hindouiste qui vit uniquement d’aumônes, peu de gens peuvent se permettre de vivre complètement sans argent. Même les personnes en situation d’itinérance ont besoin de sous pour acheter des victuailles.

Vivre avec moins d’argent est une solution plus réalisable. Combien de gens ont largué leur grosse job payante, mais stressante, pour vivre plus simplement ? D’ailleurs, on vous avait parlé dans notre édition précédente de décroissance et de gens qui ont choisi d’opter pour la simplicité volontaire, soit une vie où l’argent n’était au centre de tout.

Dans cette édition nous poursuivons notre exploration du monde – pas toujours merveilleux – de l’argent.

En souhaitant que vous en aurez… pour votre argent.

À propos de la une

Pour ce numéro, nous avons voulu interpeller nos lecteurs sur la place de l’argent dans nos vies. Valorisant quand on en a, angoissant quand on en manque mais toujours omniprésent, l’argent est aujourd’hui bien plus qu’un simple outil d’échange.

Pour ce faire, nous avons confié notre couverture à Pauline Rochette, illustratrice de 27 ans basée en France. Zoom sur l’artiste.

Comment as-tu pensé la couverture ?

PAULINE Travailler à la commande c’est parfois plus simple parce que cela empêche le vide existentiel de la page blanche, mais cela signifie aussi certaines contraintes. L’argent est un vaste sujet, difficile à traiter. J’ai déjà eu l’occasion de travailler sur la question des cryptomonnaies avec Enzym [enzym.io], une application de social gaming avec laquelle je collabore, qui est basée sur la blockchain et dont les tokens du jeu sont basés sur une vraie cryptomonnaie.

D’une manière générale, je suis très intéressée par la révolution que la blockchain peut engendrer. Le partage de biens et de données en peer2peer sans tiers parti, c’est un joli pied de nez au système capitaliste.

Pour cette couverture, j’ai aimé jouer avec la symbolique, et pour moi l’incarnation du capitalisme c’est bien le bonhomme du Monopoly, qui s’appelle Rich Uncle Pennybags. J’ai essayé de montrer que notre société était en mouvement, et que c’était peut-être le moment de reconsidérer notre système économique.

paulinerochette.com