Dans la foulée du scandale Facebook durant lequel les données de plus de 87 millions d’usagers ont été usurpées et utilisées pour alimenter la campagne électorale américaine, tout le monde s’est indigné. Mais faut-il s’en étonner ? Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il n’y ait un dérapage du genre.

Pour accaparer ces données, la firme Cambridge Analytica utilisait une application de tests de personnalités que les gens téléchargeaient pour jouer le jeu des questions-réponses, fournissant ainsi une foule d’informations personnelles tout à fait volontairement. Ce faisant, l’entreprise avait également accès à tous leurs amis. Par la suite le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg a fait son mea culpa. Mais le mal était déjà fait.

On partage énormément d’informations sans se douter de qui pourrait les utiliser. Ce scandale en a fait réfléchir plus d’un sur la façon dont on se sert des médias sociaux. Je souligne que « on » inclut la personne qui écrit ces lignes.

Je me suis toujours méfiée de ces tests bidons en ligne, bien qu’ils puissent être rigolos, on ne sait pas qui se cache derrière. Je confesse que je suis déjà tombée dans le panneau. Puis j’ai suivi les conseils des experts en bloquant l’accès à mes listes d’amis à n’importe qui, je fais attention de ne pas « aimer » des gens ou des entreprises que je ne connais pas et je ne télécharge aucune application à partir de Facebook.

Facebook, pour moi et pour L’Itinéraire, est un outil formidable de partage. Mais il faut faire preuve de jugeote, tout comme on le ferait face à des étrangers qui vous poseraient des questions personnelles. Donneriez-vous au premier venu votre date de naissance ?

L’informeriez-vous quand vous vous absentez de la maison pour des vacances ou lui fourniriez-vous des photos de vos enfants sans leur consentement ? Et pourtant, beaucoup le font sur Facebook…

Infos ou infaux ?

Si on partage beaucoup via les réseaux sociaux, on s’y informe également. Et là encore, il faut choisir ses sources de nouvelles et vérifier sans cesse l’authenticité de ce qu’on lit. Je vous en donne un exemple : Einstein a le dos large. On lui fait dire bien des choses qu’il n’a jamais dites. Ou encore, ses paroles sont détournées pour servir on ne sait trop quel dessein.

La plus populaire et la plus récurrente des fausses citations du père de la relativité est sans doute : « Le jour où la technologie surpassera les interactions humaines, le monde connaîtra alors une génération d’idiots ». Ces paroles sont habituellement accompagnées d’images de groupes de jeunes, mais chacun dans son petit monde, obnubilé par son téléphone intelligent.

Ce post généralisateur qui réduit une génération entière à une bande d’abrutis pourrait aussi bien dire : « Dans mon temps, on était pas mal plus intelligents ». Les auteurs et les propagateurs de ce message retirent sans doute un sentiment de (fausse) supériorité à donner des leçons de savoir-vivre aux autres. Et puis, quand on brandit du Einstein, ça donne un certain vernis…

Vérifiez !

Reste que c’est un faux et que c’est trompeur. Ce n’est pourtant pas long de vérifier si une citation est vraie ou fausse. Internet regorge de sites qui débusquent les fake news et autres canulars. Parmi ceux-là, le plus crédible est Hoaxbuster.com, qui a pour mission de rétablir les faits en citant les sources réelles, de replacer les nouvelles dans leur contexte ou d’en réfuter d’autres.

Mais ces sites ne sont pas assez nombreux pour recenser le torrent de faussetés qui déferle sur le web et dans les médias sociaux. C’est à ce moment qu’il faut recourir au bon vieux sens critique. Vous avez un doute ? Il s’agit d’abord de vérifier la source, le sérieux de l’auteur et du site, entre autres mesures de précautions. Aussi, si l’information que vous cherchez ne se trouve pas sur ces sites, vous pouvez vérifier autrement. Une petite suggestion : pour repérer les fausses nouvelles, le site de BAnQ.qc.ca offre d’excellentes infos à ce sujet.

Au fait, la citation d’Einstein contient quand même une parcelle de vérité, car lorsqu’on l’a interrogé au sujet de la bombe atomique, il a dit : « Il est manifestement évident que notre technologie a surpassé notre humanité. » (CALAPRICE, Alice. The Ultimate Quotable Einstein, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 2010.)

Mais Albert n’a jamais parlé d’une génération d’idiots.

À propos de notre page couverture

Mostapha Lotfi, camelot de L’Itinéraire depuis plus de deux ans, illustre bien l’un des articles de notre dossier sur les changements de vie grâce au retour aux études après 40 ans et aux réorientations de carrière. Mostapha, qui est parmi l’un de nos plus talentueux rédacteurs a un esprit vif, une saine curiosité et une insatiable soif d’apprendre. C’est pourquoi il a repris le chemin des classes en s’inscrivant à la Faculté d’éducation permanente de l’Université de Montréal au certificat en coopération internationale. Il étudie donc des grands enjeux de société qui lui sont chers, soit la lutte à la pauvreté, l’éducation, la santé de même que le respect et la défense des droits humains. Mostapha, qui pose des gestes positifs pour améliorer son sort, se nourrit des connaissances qu’il acquiert dans ses études. Et il en retire une grande fierté. La photo de la une nous en convainc.