À l’approche de son retour sur scène avec Les fleurs du tapis, Rachid Badouri était de passage à L’Itinéraire avec son père, Mohamed Badouri. Le duo qui cartonne sur Tik Tok s’est prêté au jeu d’une entrevue intimiste et s’est confié sur leur relation, mais aussi sur leur culture, leurs traditions et leur famille.

C’est vrai, on était habitué à entendre parler de Mohamed Badouri lors des spectacles de son fils, Rachid. Mais avec leurs vidéos Tik Tok, on découvre un papa drôle, aimant et aux répliques cinglantes. #Momolamitraille – c’est le mot-clic créé par son fils – pour ce père «qui clashe» avec fermeté, panache et humour.

Tout commence après une discussion WhatsApp. En pleine pandémie, alors que l’humoriste est confiné loin de la scène et de son public, il propose à son père de faire des vidéos pour les réseaux sociaux. « Je l’ai fait pour mon fils, si ça peut l’aider et faire rire du monde, tant mieux. Mais c’est sans doute allé trop loin. Des fois je marche dans la rue et je me fais arrêter pour parler de Tik-tak-tok », dit le père un peu intimidé.

Père et fils sont drôles chacun à leur façon. L’humour dans cette famille est comme un mode de communication. « Un jour, on a croisé une fille au Centropolis de Laval, raconte Rachid. Elle me dit qu’elle m’aime bien, mais que son plus grand rêve est de rencontrer mon père. Il était juste à côté de moi avec son masque et quand elle l’a vu, elle n’en pouvait plus. » (rires)

Novice en entrevue et pour se sentir plus à l’aise, Mohamed raconte quelques jokes. C’est l’histoire d’un homme croisé à l’épicerie qui lui demande s’ils se connaissent. « As-tu déjà fait de la prison? Si oui, c’est là qu’on s’est rencontrés (rires). Sa femme l’a regardé avec de gros yeux, il lui manquait juste une claque », dit-il l’air moqueur.

Rachid rit à ses côtés, comme si c’était la première fois qu’il entendait l’histoire. On comprend alors qu’il n’y a pas d’autres anecdotes derrière ces vidéos Tik Tok. Elles prouvent juste tout l’amour qu’il y a entre un père et son fils. « Si je dis à mon père que c’est bon pour ma carrière, il me suivra, mais ce n’est pas tant pour les likes, c’est pour moi. Tant qu’on ne dit pas de conneries », dit l’humoriste.

« Pas de conneries »

Vêtu d’un costard et avec la prestance qui le caractérise, Mohamed Badouri impose le respect. Même s’il demande qu’on le tutoie, le vouvoiement est automatique. En arabe, on l’appellerait le «hadji». Ce titre honorifique est donné à un musulman qui a accompli l’un des cinq piliers de l’islam: le pèlerinage à la Mecque. « Mon père, c’est cet homme qui donne tout à ses enfants », confie Rachid. Lorsque Mohamed se rend à la mosquée, il raconte, non sans fierté, se faire interpeller par les plus jeunes et leurs parents qui regardent les vidéos de son fils sur «tik tak tok» et se disent contents de le connaître.

Grâce à son père, Rachid touche un public qu’il n’avait pas avant. « C’est comme si ce qu’on fait les rejoint plus. Notre seul deal, c’est: pas de conneries. » L’humoriste nous parle de la vidéo imitant quelques aspects de Squid Game, la populaire série sur Netflix où il mettait en scène le jeu du calmar et le dessin collectif à effectuer d’un seul trait et en une minute. Petite boulette: le dessin représentait explicitement un homme qui se penchait pour ramasser un savon dans la douche, avec quelques détails de nudité. « Il a mis un point noir en plus », ajoute le père en riant gêné de ne pas avoir vu la vidéo avant sa diffusion. « Je me suis dit: merde j’ai oublié de lui montrer le résultat final. Il ne s’y attendait pas c’est certain, et moi j’avais peur de perdre sa confiance ou qu’il pense que je l’avais fait exprès… mais finalement on en a ri. »