En écrivant sur la crise du logement, deux mois après le festival du déménagement et un excellent numéro de L’Itinéraire sur le sujet (édition du 1er juillet), j’avais peur que cette chronique n’ait un petit goût de passé date… comme regarder un épisode de Bouscotte avec des annonces de la Roue Chanceuse sur un lecteur VHS qui porte encore la mention RadioShack… mais non. Je me suis rendu compte que le sujet est aussi frais qu’une crotte au fromage qui fait skouik. Et en plus, je suis en avance pour la prochaine crise. Vous êtes donc en train de lire le futur!

On sait qu’à Montréal et dans les grands centres, la flambée des prix de l’immobilier a mis la pression sur les maisons et fait vendre des Kinder Surprise au prix d’un œuf de Fabergé. Mais saviez-vous qu’en région, c’est pas mal la même chanson? Actuellement, début septembre, à Sherbrooke, Rimouski ou Saint-Hyacinthe des familles cherchent encore à se loger. Et le gouvernement continue de nier qu’il y ait une «pénurie de logements». Neunon, disent-ils, des logements, il y en a encore pleins, pleins!

Ah qu’on aime donc ça jouer sur les mots à la CAQ, que voulez-vous, c’est systémique chez eux. Mais on aura beau les éviter, ne pas les voir ou essayer de les tasser avec nos pieds, les faits continuent de s’empiler comme les boîtes d’un locataire évincé sur le bord du trottoir… il y a bel et bien une pénurie de logements ABORDABLES.

Tiens par exemple: en moyenne, un quatre et demi à Saint-Hyacinthe peut coûter plus de 900$. O.K., ton caquiste intérieur peut toujours me dire que 900 piasses à Saint-Hyacinthe vaut bien plus qu’à Montréal, mais… t’es toujours ben à Saint-Hyacinthe!

Quand je pense que François Legault estimait qu’un appartement (à Montréal en plus !) c’était à peu près 500 $… c’est ça qui arrive à force de fréquenter des gens qui pensent que tu peux faire une épicerie pour quatre personnes avec 75$ par semaine. Le même genre de personne pour qui la dernière fois qu’ils ont payé quelque chose de leur poche, la bière était 3,25$ au Forum, ça leur coûtait 75 cennes pour prendre le métro à Berri-de-Montigny pis Victor Lévy-Beaulieu écrivait des épisodes de Race de monde. Pas besoin de te dire que le p’tit gars de Bouscotte était pas encore né!

Non, mais c’est fou comment les loyers ont explosé! Une hausse de 16% depuis l’an passé. Huit fois plus que l’indice annuel du coût de la vie! Venez pas me faire croire que tous les proprios se sont mis à rénover leurs appartements en même temps avec de l’ébène pis de l’acajou.

Pis faut s’entendre sur la signification de «rénovations»… Des fois, juste mettre une tablette fait monter le prix de 200$. Des fois, rien faire fait monter le prix pareil. Y a des logements, on dirait que le prix est fixé en fonction du taux d’humidité ambiant… y descend jamais! Les hausses de loyers devraient au moins être réglementées comme le prix du pain, du lait ou de la bière dans les dépanneurs.

Parce qu’actuellement, c’est trop facile de faire n’importe quoi; certains propriétaires allant même jusqu’à exiger vos relevés bancaires et dentaires des 30 dernières années et une mèche de cheveux de votre mère quand elle avait 8 ans! Demandez-moi pas pourquoi! Et ils ne te loueront qu’à la condition que tu n’aies pas d’enfants, pas de chiens, pas de fun pis la bonne couleur de peau et la grosseur de portefeuille.

Il faut le rappeler… le logement est un droit fondamental. Avec la hausse du coût des loyers, il faut ajouter celle de l’épicerie et des vêtements et réaliser que ceux et celles qui arrivent encore à combler des besoins aussi primaires que se loger, se nourrir et se vêtir en auront de moins en moins les moyens.

Je sais que ce n’est pas très réjouissant, mais il y a tout de même une bonne nouvelle dans tout ça: c’est que la prochaine crise est prévisible.