Ce n’est pas tous les jours que l’on publie un livre ! Après un long processus qui a exigé beaucoup de temps et d’énergie, le recueil Sentinelles II, encore tout chaud, vient d’être livré dans nos locaux. Trois ans après Sentinelles, ce deuxième opus des meilleurs écrits de camelots 2016-2019 sera officiellement lancé le 20 novembre, tout juste avant le Salon du livre de Montréal, où l’ouvrage sera en vente. Et bien sûr, vos camelots se feront une joie de le vendre dans la rue ! Encore une fois, c’est l’écrivaine Monique Proulx, marraine de L’Itinéraire et membre du jury de sélection des textes qui signe la préface du livre. Nous vous l’offrons avec plaisir en exclusivité.

Deux fois Sentinelles

Les revoici.

Celles et ceux qui s’interposent soudain sur votre trajectoire bien huilée, qui vous ralentissent dans votre course avec leurs dossards noirs et leurs magazines brandis, qui irritent votre heure de pointe frénétique… (« Mais j’ai pas le temps ! Mais j’ai déjà donné l’an dernier ! Mais qu’est-ce qu’ils me veulent encore !!! » )

Vos sentinelles.

Rappelez-vous : vous êtes un humain propulsé par l’amour, quoi qu’on vous ait raconté de contraire et de désespérant, et vous êtes grand parce que vous n’êtes pas seul. C’est ce que les camelots de L’Itinéraire ne cessent de vous redire, puisque ce sont, oui, vos sentinelles sur le chemin trop souvent oublié de la solidarité.

Et les revoici avec un livre, le second de leur carrière.

Encore une fois, il ne sera pas question d’une lecture tranquille et apaisante. Les textes dans lesquels vous pénétrerez comme par effraction sont parmi les meilleures chroniques des dernières années de L’Itinéraire, et ils jettent une lumière crue sur ce qui grince et égratigne dans notre si parfait petit monde, avec une authenticité qui secoue, galvanise ou fait sourire.

Vous retrouverez bien entendu des témoignages à avaler de travers, dans lesquels vos camelots-sentinelles vous déballent sans pudeur et sans armure tous les recoins de leur vie douloureuse: ce qu’on leur a fait, ce qu’ils ont fait eux-mêmes, ce qui les affecte et les ralentit.

Mais ils ont pris du mordant, et ils ont appris de la dégringolade. Leur discours maintenant se raffine, se complexifie, s’ouvre aux autres et aux enjeux qui plombent la société. S’il est encore question de pauvreté et d’humiliation, puisqu’on n’en a pas fini avec ces deux mamelles gangrenées de notre façon de vivre, les écrivains de ce livre portent leur empathique curiosité sur bien d’autres sujets chocs : la crise des migrants, la laïcité obligée, l’appropriation culturelle, l’intégration des autochtones, l’intimité des drag queens, la souffrance des femmes saoudiennes u2014 et même celle des pédophiles.

Et nulle part vous ne trouverez de jugement dans les portraits qu’ils vous tissent de toutes ces humanités autres, aussi rocailleuses soient-elles.

Les lecteurs fidèles de L’Itinéraire reconnaîtront ici des signatures fortes qui les ont déjà touchés : le style percutant de Josée Cardinal, Pierre St-Amour, Lorraine Sylvain, l’humour de Simon Jacques, Maxime Valcourt, Gilles Leblanc, l’humanité de Saïd Farkouh, Yves Manseau, Mostapha Lotfi, l’audace de Jo Redwitch, l’humilité de Gisèle Nadeau, la générosité de Linda Pelletier, la harangue baveuse et salvatrice de Mathieu Thériault… Mais de les avoir ainsi tous sous la main, réunis en gerbe, constitue une tout autre expérience, magnifiée, une lecture qui devient un voyage au cœur de l’humanisme.

Prenez donc le temps de ralentir votre course aujourd’hui, et osez recevoir une décharge profonde d’humanisme. En vous procurant ce livre nouveau qui se vend sur la rue, prenez conscience de la grandeur du petit geste que vous venez de poser. Vous êtes bel et bien l’une des batteries, comme l’écrit Michel Dumont, qui permettent à vos sentinelles fidèles de continuer à voir de la lumière au bout de leur tunnel.